Meadow lane park
Bon les cocos, on a pris des coups de soleil en plein mois de février mais il faut aussi se préparer à rentrer de plein fouet dans le printemps et ses multiples renaissances! Il faut sentir la sève et l'inspiration: on a tout juste le disque de saison!
Il vous donne rendez vous à Meadow lane Park. Ca nous dit quelque chose: il y aura de l'inspiration britannique. D'ailleurs, méconnu chez nous, les petits français du Superhomard sont très appréciés par Paul Weller. Le niveau est donc assez haut. Et rapidement on pense aux cultes High Llamas et leur gout orchestral de la pop classique.
Ce que confirme leur premier disque, série de petites pépites pop aux arrangements qui vous écrabouillent tout sur son passage. Avec pas mal de sons des années 70, une belle voix lyrique et des idées à gogo, le Superhomard est un voyage bucolique qui effectivement sent bon le printemps.
C'est un talent qui éclot définitivement. La musique est riche et pleine de promesses. Elle donne l'envie d'embrasser l'existence et il y a une chaleur émotionnelle dans chacun des titres. Il y a de l'amour (du travail bien fait) et une proposition d'un ailleurs musical bien sympathique.
C'est tout simplement le disque le plus souriant du moment. Et en ce moment, ca broie du noir à tous les étages. Le contraste avec l'enthousiasme de ces Français est une pure réjouissance qu'il ne faut pas refuser!
Le homard est un met d'exception... si en plus il est super...
Elefant - 2019
Echoes from dawn
Encore un disque bien vintage avec des vieux synthétiseurs et des rythmes binaires pas débiles pour autant! Un disque de genre!
Comme il y a un cinéma de genre, il existe le disque de genre. L'hommage respectueux mais original dans sa démarche. Même si on ne compte plus vraiment les groupes français qui admirent sans faille le prince des ténébres, le cinéaste le plus musical, John Carpenter.
Carpenter Brut, Zombie zombie et maintenant Christine et sa référence à la troublante adaptation du livre de Stephen King par le maître de l'horreur... et de la musique minimaliste.
Avant ils étaient deux. Désormais il ne reste plus qu'un seul Normand mais la différence d'inspiration n'est pas évidente. En plus, depuis le temps, le survivant a quelques collaborateurs prestigieux. Nous sommes dans un son bien vintage, créateur d'ambiance, grand pourvoyeur d'images eighties et rassurantes.
Avec sa pochette de film d'horreur apocalyptique, le disque n'est pas de tout repos. Christine cherche absolument l'intensité et la trouve bien souvent.Il convoque le cinéma de Romero et de Carpenter avec tout de même un gout pour les petites touches funk et des beats plus énervés, histoire de ne pas être taxé de recopier uniquement de vieilles bandes originales.
Ca ne regarde pas vers le futur, mais clairement le coté Retour vers le Futur, lui a du charme!
Mouton noir records - 2019
Happy in the hollow
Heureux au fond du trou! Tant mieux pour Toy qui s'imagine dans les années 80!
Toy doit avoir un cierge allumé en permanence en hommage à Joy Division et sa joyeuse ambition musicale. Les gaillards de Brighton ont du faire un voyage scolaire du coté de l'Allemagne et sont tombés sur les disques de Tangerine dream et Kraftwerk.
Vous l'aurez compris: Toy défend la face sombre du rock. Ce son hypnotique qui doit beaucoup aux synthétiseurs et au psychédélisme. Tom Dougall et ses copains s'imaginent comme des petits robots du rock, perdu entre leurs instruments et leur humanité. Leur musique utilise les riffs de guitare comme les nappes de synthés. Il a de l'écho pour nous faire effectivement tomber au fond du trou... mais on doit y être heureux apparemment.
Ce n'est pas vraiment le cas. On s'ennuie surtout. Le répertoire du krautrock ou de la new age est récité sans grande originalité. Le style synthétique est dans l'air du temps. Les bidouillages c'est chouette. Cela habille certes. On visite cette retrospective dans un brouillard électrique pas désagréable. Mais on ne ressent pas grand chose à l'écoute de ce quatrième album.
A comparaison, The Horrors sont de grands émotifs à coté des Toy, qui ressemblent plus à des batisseurs. Un bon gros mur de sons, élégants, mais pas convaincants. Ca devrait être cosmique mais c'est finalement assez raplapla. Les chansons se ressemblent. Rien ne sort du lot si ce n'est que le quintet est doué pour imiter des sons vintage.
Au fond du trou, on est parfois au sommet de l'ennui!
Tough love records - 2019
About the light
Ancien membre des éthérés Beta Band, Steve Mason continue de tricoter des mélodies complexes et subtiles qui font tellement du bien aux oreilles! Notre rayon de soleil!
Ecossais, The Beta Band est un groupe culte. C'est une espèce de joyau mystérieux qui en trois albums a écrit sa légende dans un mélange assez fascinant de brit pop et trip hop. Un feu d'artifice qui a mal fini au bout de cinq ans d'existence.
Chanteur du groupe, Steve Mason a eu ensuite du mal à refaire surface. Il a monté deux groupes avant de se présenter sur scène, avec son vrai nom. Petit à petit, on a vu émerger un auteur singulier et surtout doué par la ritournelle indémodable.
Dans son écriture, il y a toute l'Angleterre qu'on aime, de Pink Floyd à Blur en passant par Nick Drake. Le type est capable de soulever un orchestre et des tonnes d'instruments pour ensuite se livrer sans fard avec quelques mots bien choisis.
Et cela s'entend encore plus donc sur ce nouvel album, organique, loin des expérimentations. Cette fois ci, il y a des cuivres qui répondent à ses intimes paroles. Les guitares sont omniprésentes et il se dégage une bonne humeur que l'on a plus l'habitude de supporter.
C'est ce qu'on appelle un contrepied. Pas de déprime. De l'énergie. De la douche folie bien mise en musique. Mason adopte l'aspect rustre et direct de la pop. Comme il sait écrire une chanson, ca ne pose aucun problème. Son disque donne clairement la banane! Il joue avec les clichés de la pop, celle qui fait chanter dans les pubs et qui fait de notre ile voisine, un endroit exceptionnel pour la musique.
La science de la pop est savante mais elle est appliquée ici avec une telle franchise, que tout passe. Steve Mason croit fonciérement en son art. Comme dans le dernier Paul Weller, il cherche toujours et encore une certaine vérité dans son univers, quitte à se remettre en question.
Rien à dire, la pop anglaise dans ce qu'elle a de plus convaincante. Vous allez adorer!