Les Bruits de la ville

De tous les minets à moustache qui hantent désormais la pop française et la chanson à texte, Voyou a su se différencier avec un sens de la mélodie assez incroyable et une fraicheur que l'on connait peu dans nos contrées.

Ce premier album confirme tout le bien que l'on pensait du blondinet. Il semble avoir tout compris à la pop. Les refrains sont craquants tout comme les paroles faussement naïves. Lillois de 28 ans, Thibaud Vanhooland alias Voyou est un pur rayon de soleil dans la production nationale.

Il faut traverser la Manche (jusqu'au 29 mars, c'est encore possible), pour trouver quelques comparaisons. On pense à Blur et toute une partie de la britpop, moins lads, plus ironique et toujours sensible aux petites choses qui représentent finalement bien plus.

Ces chansons sont des petites chroniques, jolies et parfaitement maîtrisées. Le jeune homme ne cherche plus à démontrer son talent. Son disque est pensé avec un sens du détail (des références à la bd nous rappellent qu'il a grandi à coté de la Belgique, grosse terre de musique) et un gout pour la modernité assez précieux. Dans l'air du temps, il sait aussi s'échapper vers un classicisme qui ne manque jamais d'élégance (le mélancolique Il neige).

Mais il y a toujours la touche électro (le gars invite Yelle, ce qui n'est pas donné à tout le monde) qui se déclenche assez souvent. Voyou trouve l'équilibre et multiplie les titres avec fierté et enthousiasme. C'est le disque qui bêtement donne la patate. Juste pour cela, en période glaciale, Les Bruits de la Ville devient essentiel!

Entreprise - 2019

Jurassic 5: Work it out

Jurassic 5: If you only knew

High flying bird

Steven Soderbergh s'amuse bien avec son iphone. Il sort son second long métrage sur Netflix. Et c'est du grand cinéma! Coup de poker dans le monde du basket!

Bon okay, il faut s'accrocher. Si on ne connait pas grand chose sur le monde de la NBA, c'est assez coton de découvrir Ray Burke et ses pérégrinations. En pleine grêve, l'agent de prometteurs joueurs est sous pression. Il a l'air bel et bien au bout du rouleau mais il a peut être une lumineuse idée pour que les riches propriétaires s'entendent avec leurs puissants athlétes...

Il y a donc une succession de coups tordus, de trahisons et de retournements de situation. Ray Burke jongle avec les mots et les personnes. Steven Soderbergh filme cela avec son petit téléphone mais surtout un grand angle qui fait clairement de l'effet. On est dans la mythification, le bigger than life, le capitalisme derrière le sport!

Les personnages semblent écraser par le paysage et on donne pas cher de la peau de Ray Burke, drôle de héros en costard et passionné des terrains. On comprend bien qu'il s'agit là d'un monde impitoyable qui ferait passer JR pour un petit gilet jaune texan. Ici, ca ne rigole pas: c'est bien à l'image de l'Amérique d'aujourd'hui que fonctionne la fameuse NBA.

Ecrit pa le scénariste de Moonlight, le film est particulièrement politique dans sa forme comme dans le fond. La doénonciation passe par la mise en scène précise et élégante de Soderbergh, qui lui s'émancipe de toute contrainte hollywoodienne avec un petit budget et des acteurs parfaits. Il cumule toujours le poste de monteur et de directeur photo. La précision est le point commun entre les films pourtant très divers de Steven Soderbergh, venu du cinéma indépendant, artisan solide d'Hollywood puis retraité malicieux du système.

Si vous changez l'enseigne NBA par Hollywood, vous trouverez un petit concentré d'ironie autour de l'idée du pouvoir et des puissants. Il profite de la technologie d'aujourd'hui pour parler aussi de la soi disante liberté qu'offre les réseaux, les smartphones etc. Le discours pourrait être plombant mais Soderbergh instaure une exigence qui fait plaisir à voir. Les images servent des dialogues profonds et le film fête surtout l'intelligence et la volonté. Sans le moindre ballon sur le parquet, cette oeuvre sportive dépasse la sortie anecdotique mais prestigieuse sur Netflix. Comme souvent chez Soderbergh, c'est bien plus que du divertissement!

Avec Andre Holland, Bill Duke, Melvin Gregg et Zazie Beetz. 1h30 - netflix

Nicki Larson et le parfum de cupidon

FORCÉMENT QUAND ON PENSE A NICKY LARSON, LA NOSTALGIE DES MATINÉES CLUB DOROTHEE, IDOLE DE TOUTE UNE GÉNÉRATION DE FUTUR GEEK, NOUS FAIT ECHO.

IL FAUT BIEN AVOUER QUE DEPUIS TOUT CE TEMPS, ON A PAS FAIT MIEUX, ET NOS PARENTS S’EN SOUVIENNENT AUSSI, PASSANT DEVANT LA TV POUR DÉCHIFFRER CES TROUBLANTES IMAGES SUBLIMINALES. CETTE VERSION DE LACHEAU ET SES POTOS N’Y DÉROGE PAS, MÊME SI IL N’Y A PAS DE VERSION NON CENSURÉE, CE N’EST DÉFINITIVEMENT PAS UN FILM FAMILIAL.

CA PARLE ET MONTRE BEAUCOUP DE CUL, NICKY LARSON QUOI ! COMME DANS TOUT CE QU’ILS ENTREPRENNENT, QUE L’ON AIME OU NON D’AILLEURS (MOI LA PREMIÈRE JE N’AI PAS AIMÉ NI « BABYSITTING 1/2 », NI « EPOUSE MOI MON POTE »). MAIS ILS SE FONT PLAISIR, ET ILS LE FONT TRÈS BIEN LÀ POUR LE COUP.

C’EST BIEN FILMÉ, BIEN RYTHMÉ, DRÔLE AVEC DES GAGS EN CASCADES ET DE JOLIS HOMMAGES EN PUNCHLINE (HA LES CHAUSSETTES ROUGE ET JAUNE A PETITS POIS, RANMA 1/2, ET J’EN PASSE), ON SENT LES FANS DE LA PREMIÈRE HEURE DU MANGA, ET C’EST PRIMORDIAL POUR FAIRE UN FILM DE CET ENVERGURE.

C’EST VRAIMENT EXACTEMENT CE QUE L’ON RECHERCHE QUAND ON SAIT CE QU’ON VA VOIR ET SURTOUT UNE ADAPTATION QUI PLUS EST FRANÇAISE, DE NICKY LARSON, GRAND BOUFFON AU COEUR TENDRE. ANTI HEROS BIEN VULGAIRE ET BEAUF, DANS LA DÉMESURE DU PERSONNAGE ICONIQUE.

MOI QUI NE SUIS PAS FAN DE LA BANDE A RIRI, FIFI OU LOULOU, (MIS A PART « ALIBI. COM ») JE ME SUIS PAYÉ UN BON PETIT MOMENT. CA REPREND LES CODES DE LA BANDE DESSINÉE, AVEC DE BONNES TROUVAILLES VISUELLES. L’HISTOIRE EST TYPIQUE D’UN NICKY LARSON, BIEN GRAVELEUX AUSSI (OBLIGÉ !), RIEN NE NOUS EST ÉPARGNÉ. C’EST PAR MOMENT PAS TRÈS BIEN JOUÉ (UN PEU TROP THÉÂTRAL), MAIS LES SECONDS RÔLES, DIDIER BOURDON, JARRY, CHANTAL LADESOU, AUDREY LAMY ET DOROTHEE (OUIIIIII TROP BIEN) ENTRE AUTRES, APPORTENT UNE VALEUR AJOUTÉE AU FILM.

C’EST CRESCENDO, L’HISTOIRE TIENT GRAVE LA ROUTE ET ON FINIT PAR COMPLÈTEMENT S’ATTACHER AUX PERSONNAGES. OBJECTIVEMENT C’EST TRÈS RÉUSSI. TOUT EST PENSÉ. CERTAINS L’ONT RÊVÉ ET EUX L’ONT FAIT, JE M’ATTENDAIS A UN PEU PLUS PEUT ETRE MAIS FRANCHEMENT POUR UNE CRÉATION FRANÇAISE C’EST DÉJÀ BIEN AU DELA DE CE QU’ON ESPÈRE.

AVIS AUX AMATEURS

Avec Philippe Lacheau, Elodie Fontan, Tarek Boudali et Julien Arruti - Sony - 6 février 2019 - 1h30

High Society

Un prof d'éco qui se voit au parlement coréen tombe dans tous les pièges de l'ambition... High Society ne fait pas dans la demi mesure. N'est pas Chabrol qui veut!

De l'autre coté du monde, le bucher des vanités brule aussi. Les arrivistes et les prétentieux se marchent sur les pieds pour quelques moments de gloire. On savait que la Corée du Sud se mettait à produire du blockbuster pour tout le reste du Monde mais on découvre que la production locale n'est pas si polie que cela.

High Society ne fait pas dans la dentelle. Le film de Byeon Hyeok nous plante devant un petit duo de frustrés. Lui est un prof d'économie qui emballe les pontes du parti républicain. Sa femme est consetvatrice dans un musée et se découvre douée pour le trafic d'oeuvres d'art. Les deux vont grimper sur l'échelle sociale si peu fréquentée... mais il y a une bonne raison: elle glisse très fort!

Le refrain est connu. L'individu ne résiste pas à la corruption et les lumières de la ville. La méchanceté ronge les relations. Les intrigants sèment la zizanie pour un peu de reconnaissance. Le réalisateur décrit donc l'ascension étrange de ce couple, symptome peu reluisant d'une époque.

Habilement fait, le film dure plus de deux heures et cela finit par lasser en glissant de l'étude au polar avec quelques débordements grotesques ou romanesques. Respectable dans sa démarche, le film est peut trop démonstratif. On n'est pas loin de la parodie. C'est du rebondissement de pachydermes dans un magasin de porcelaine. Un peu d'humilité ne ferait pas de mal à ce film qui se contredit presque!

Avec Park Hae Il, Soo Ae, Kim Giu Sun et Han Joo Young - netflix - 2h15

La dégustation, Yvan Calbérac, Isabelle Carré, Bernard Campan, Renaissance

 

 

 

La bon chic bon genre Hortense de la Villardière pousse les portes de la cave à vin de Jacques, divorcé, enfermé dans son passé. Sans l'intrusion soudaine de Steve (en liberté conditionnelle), ces deux êtres plus complexes que leur image laisse paraître se seraient juste croisés. Mais un atelier dégustation plus loin, ces quatre personnages qui n'ont rien en commun se rencontrent en vérité dans ce repère de quartier.

 

L'affiche de la pièce telle une affiche de film tendance comédie romantique attire l’œil et elle fait bien. La pièce a toutes les qualités d'un bon vin : elle sent bon le vrai, elle est savoureuse, légère et subtile, enivrante, intelligente et fine, équilibrée entre rires et émotions. Les acteurs sont généreux, humbles et complices.

 

Isabelle Carré est irrésistible dans sa jupe serrée qui cache un bon grain de folie. Bernard Campan, passionné de vin et bougon aux airs de Jean-Pierre Bacri, nous séduit, notamment par ses réparties « Je ne sais pas si j'ai une belle vie ; j'ai une vie honnête », « on ne me grille pas, je suis pas un toast », « d'habitude je ne fais pas de blague » « Le vin ce n'est pas de l'alcool ».

Et enfin Mounir Amamra, joue à la perfection le jeune fougueux en réinsertion, ce personnage dont on aurait tous besoin pour revivifier sa vie, lever les boucliers, donner du sens à son quotidien. Bravo à lui. On sent que cette pièce est accueillie comme un cadeau pour les comédiens. Le bonheur à jouer ensemble est perceptible et partagé.

 

On salue le talent de l'auteur et metteur en scène Ivan Calbérac pour l'écriture bien pensée et rythmée de sa pièce. Les dialogues drôles et profonds sont empreints de beaucoup d'humanité. On le remercie pour les retrouvailles sur les planches de Bernard Campan et Isabelle Carré, dix-huit ans après le joli film « Se souvenir des belles choses ».

 

Du grand cru théâtral! A déguster sans modération en bonne compagnie.

 

À partir du 29 janvier 2019
Du mardi au samedi à 21h
Matinées samedi et dimanche à 16h30

Jurassic 5: Freedom

Feral Roots

Le Hard rock a repris du poil de la bête avec le succès inattendu de Greeta Van Fleet. Pourtant, les petits jeunes ont encore du chemin pour avoir l'assurance de Rival Sons!

Le son brutal de votre papa a de nouveau sa place dans les premières pages des quotidiens culturels. Le bon vieux blues bien blanc et bien sale fait encore plaisir au grand public. Finalement les riffs que défendent Justice ou Carpenter Brut peuvent encore avoir du sex appeal au près du grand public, dans sa forme la plus simple.

Celle du bon vieux hard! Quelques musiciens et des gros morceaux électriques à défendre bec et ongles. C'est le cas du très sympathique quatuor, Rival Sons. Jay Buchanan s'imagine comme un contemporain de Jim Morrison tandis que ses trois potes se prennent pour les Who ou Black Sabbath!

Depuis 2014 et leur précieux Great Western Walkyrie, le groupe a trouvé son créneau: un rock mélancolique mais très très très puissant. La batteur imite celui du Muppet Show et le guitariste est d'une virtuosité assez incroyable pour vous planter un air dans la tête.

Dans leur nouvel album, il n'y a donc rien de nouveau. Les attitudes et les gestes ne sont pas d'une folle originalité. Mais qu'est ce que c'est bon. Le son donne l'impression de passer son avion. Les choeurs nous embarquent vers le blues rock le plus assoiffé. Ce disque est effectivement un peu plus roots. Le groupe fait dans le mysticisme à deux ou trois moments mais l'essentiel est là: ca transpire pour des refrains imparables et costauds.

Dans chaque chanson, il y a quelque chose à piocher: des sentiments et des émotions. C'est là, la vraie valeur ajoutée de Rival Sons, groupe qui petit à petit fait sa place dans le petit monde tatoué du hard qui plaira au plus grand nombre. Tant mieux pour eux!

Atlantic - 2019

copains de la semaine: Jurassic 5

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