Ces garcons là
Quand tu penses à Bashung ou à Talking Heads, tu as le droit de te demander si tu n'es pas en face de petits génies!?
Puisque Radio Elvis avait réussi un premier album, tricoté avec soin et un talent pop proche de la perfection. On pouvait croire que c'était le coup d'essai et le coup de maître. Le succès est passé par là et on avait le droit de s'inquiéter pour le trio. La barre était bien haute.
Heureusement, le temps a fait son effet. L'expérience a été digéré. Le second disque de Radio Elvis est encore une belle expérience musicale. Les garcons ne sont plus des innocentes graines de star. Ce sont des musiciens, à l'aise dans leur époque et conscient de ce qu'il s'est passé avant. Ils acceptent le rôle d'héritiers mais pas seulement!
Ils parlent de leurs contemporains, du Monde actuel mais le font avec la poésie des deux géants cités au début de ce papier. La musique est subtile, entrainante et sert avant tout un propos, des textes travaillés, entiers et fascinants. Il y a une espèce d'urgence dans les paroles. Et la voix de Pierre Guénard! Que dire? Avec le grand corbeau de Feu Chatterton!, Radio Elvis a une voix romantique... ou romanesque. En tout cas, elle enroule tellement bien les phrases directes!
On est donc entre les eaux de la chanson française et les bourrasques plus rock'n'roll. Ces garcons là sont en train de se faire une place. Ils devraient être essentiels dans les années à venir.
Pias - 2018
Millenium: ce qui ne me tue pas
Si tu aimes les courses en volvo, les geeks devant leurs écrans, le sosie de Thomas Dutronc et les brumes suédoises, ce nouveau chapitre cinématographique de Millenium est pour toi!
La bonne idée de ce film c'est le réalisateur! Fede Alvarez. Un petit génie virtuose à qui l'on doit le remake très premier degré d'Evil Dead et le redoutable Don't Breath. Spécialiste de l'horreur, il semble assez judicieux de de le mettre derrière la caméra de Millénium.
Après une trilogie locale et un excellent premier film avec Rooney Mara et Daniel Craig, signé David Fincher, le studio Sony n'a pas su gérer les épisodes suivants et saute donc deux volets pour arriver au quatrième tome, écrit par un autre que Stieg Laarson, disparu il y a bien longtemps. Mais le filon est entretenu. Et Sony veut rentabiliser ses droits.
Donc on se concentre désormais sur Lisbeth Salander, punkette et hackeuse, rebelle et justicière. Elle a plein de démons intérieurs, et surtout elle veut venir en aide aux désespérés. Un ingénieur pense avoir mis en place un logiciel hautement dangereux et veut que la jeune femme le vole. Rien de plus facile! Sauf qu'elle a désormais des hommes patibulaires et violents à ses trousses...
Claire Foy reprend le rôle de la jeune femme un peu tordue. Elle se débrouille bien. Tout comme Fede Alvarez qui fait virevolter sa caméra entre les paysages froids de la Suède.
Mais le problème tient d'un scénario basique qui empêche les personnages d'exister, sacrifiés pour un polar d'action jamais très convaincant, sans grande profondeur. Les rebondisssements sont maladroits. Le style graphique fascine mais ne peut sauver un thriller bigger than life, jusqu'au ridicule.
Donc le célébre journaliste Mikael Blomkvist est réduit à un faire valoir qui a la tronche de Thomas Dutronc. Alvarez doit assurer l'efficacité du récit avec des moments génants comme la poursuite en volvo, assez risible et une vie de hackeurs qui sombre dans les clichés. Très rarement, l'impressionnante Lisbeth... est impressionnante.
Trop froid, ce film n'est pas plus fort que les autres. Bien au contraire.
Avec Claire Foy, Sverrir Gudnason, Sylvia Hoeks et Lakeith Stanfield - sony - 14 novembre 2018 - 1h50
Le Grand Bain
UNE BANDE DE 6 GARS PAUMÉS, DÉPASSÉS DANS LEUR QUOTIDIEN ET QUI N’ONT DE TOUTE ÉVIDENCE RIEN A FAIRE ENSEMBLE! ILS CHERCHENT UNE ÉCHAPPATOIRE EVIDENTE A LEUR TRAIN TRAIN BIEN POURRAVE (MAIS QUI RESSEMBLE A CELLE DE MONSIEUR TOUT LE MONDE) ET VONT SE RETROUVER AUTOUR D’UNE PISCINE POUR DE LA NAGE SYNCHRONISÉE MASCULINE.
SUR LE PAPIER CA PEUT FAIRE RIRE, LA METHAPHORE DE GARS A NU DANS LE BAIN EST BIEN TROUVÉE MAIS SUR L’ECRAN C’EST LOIN D’ÊTRE LE CAS. JE CHERCHE ENCORE LA DÉFINITION DANS LE TERME COMÉDIE (PAS COMPRIS LES SPECTATEURS S’ESCLAFFANT, FAUDRA M’EXPLIQUER!) .
LES ACTEURS SONT DES POTES COMME ON PEUT RÉGULIÈREMENT LES TROUVER DANS LES FILMS DE CANET, C’EST D’AILLEURS A PEU D’ACTEURS PRÊTS, LA MÊME BANDE FIDELE. ON COMPREND BIEN CE QU’A VOULU FAIRE GILLES LELLOUCHE (QUE J’APPRÉCIE BEAUCOUP EN TEMPS NORMAL) POUR SON SECOND FILM EN TANT QUE RÉALISATEUR.
MAIS AU DELÀ D’UN FILM DE « FAMILLE”, LES DIALOGUES SONT INSIPIDES, LES ACTEURS SONT TRÈS MOYEN ET PORTÉS AUX MAXIMUM DE LEUR CARICATURE DE MÂLE EN BESOIN DE RECONNAISSANCE ET BESOIN DE VIVRE TOUT COURT.
GUILLAUME CANET FAIT DU CANET, LE MEC EXCESSIF QUI SE VEUT PLUS IMPORTANT QU’IL N’EST. VIRGINIE EFFIRA, L’ENTRAÎNEUSE ET PRESQUE SEULE FIGURE FÉMININE, EST ININTÉRESSANTE AU POSSIBLE. MARINA FOIS (QUI SE RÉVÈLE A 10’ DE LA FIN, ON A FAILLI ATTENDRE DIS DONC, J’AI EU PRESQUE PEUR QU’ELLE JOUE MAL TOUT LE FILM!) EN COUPLE AVEC MATHIEU AMALRIC DEPRESSIF COMME DANS TOUT SES RÔLES, ON Y CROIT PAS UNE SECONDE.
PHILIPPE KATERINE, JOUE L’ÉCERVELÉ PERDU DANS L’ESPACE TEMPS. ET POELVOORDE EST PEUT ETRE EN DESSOUS DE L’EXCESSIVITE HABITUELLE... QUOIQUE. ON PASSE D’UNE VIE A L’AUTRE SANS GRANDE CONVICTION. ON A BIEN DU MAL A S’INTERESSER A LEUR PROBLÈME ET C’EST LA TOUT L’ECHEC DU FILM.
JE NE VOUS PARLE MÊME PAS DE LA BANDE SON, MIELLEUSE A SOUHAIT, QUI SE VEUT EN MODE FEEL GOOD MOVIE. EN FAIT TOUT EST TÉLÉGUIDÉ. AUCUNE ORIGINALITÉ. LA PHRASE DE L’ENTRAÎNEUSE “ON A TOUS BESOIN D’UNE MÉDAILLE” RESUME COMPLÈTEMENT LE FILM. OU COMMENT DONNER PLUS D’IMPORTANCE A CE FILM BIEN FRANCHOUILLARD COMME ON SAIT SI BIEN FAIRE.
DANS SA SIMPLICITÉ, LA BANDE DE LOOSERS CA SE RÉVÉLE BLABLABLA. PLUS BANAL, Y A PAS. LA SEULE BONNE CHOSE DU FILM C’EST LEILA BEKHTI, MAIS HEUREUSEMENT QU’ELLE EST LA MAIS ARRIVE TROP TARD (AU BOUT D’UNE HEURE), QUAND LE FILM COMMENCE ENFIN A ÊTRE DRÔLE (C’EST PAS NON PLUS L’EXTASE HEIN !) JE ME SUIS BIEN FAIT CHIER DU DÉBUT A LA FIN.
ET MALGRÉ QUELQUES SOURIRES, JE ME VOIS OBLIGÉE DE DIRE QUE CE FILM PREND L’EAU MALGRÉ TOUTE L’ENVIE D’EN FAIRE UN GRAND FILM TOUCHANT, ET SINCÈRE SUR L’ESTIME DE SOI. CE N’EST PAS UN GRAND BAIN MAIS UN GRAND PLOUF. TOUCHÉ, COULÉ.
AVIS AUX AMATEURS
Avec Mathieu Almaric, Benoit Poelvoorde, Virginie Efira et Felix Moati - Studiocanal - 24 octobre 2018 - 1h40
En Liberté
HA LE PIED ! QUE CA FAIT DU BIEN CETTE COMÉDIE FRANÇAISE. OUI JE PRECISE FRANÇAISE PAR CE QUE C’EST TELLEMENT RARE QUAND C’EST FAIT AVEC CE NIVEAU D’EXCELLENCE, QU’IL EST TOUJOURS BON DE LE RAPPELER.
CELA NOUS PROUVE ENCORE QUE L’ON PEUT FAIRE DES FILMS COMME CELUI-CI. C’EST COMPLÈTEMENT DÉCALÉE ET LOUFOQUE VOIR BURLESQUE PAR MOMENT. JE NE CONNAIS PAS DU TOUT LE TRAVAIL DE PIERRE SALVADORI MAIS JE VAIS M’EMPRESSER DE RATTRAPER CE FAUX PAS.
IL Y A BEAUCOUP DE DUPONTEL (UNE AUTRE TRÈS BONNE RÉFÉRENCE) DANS CE POLAR AUX ALLURES RETRO. C’EST ADMIRABLEMENT BIEN ÉCRIT. LES DIALOGUES SONT A MOURIR DE RIRES ET BIEN DOSÉS DANS LEUR DEGRÉ DE NEVROSE.
JE VOUS RAPPELLE LE PITCH, YVONNE EST LIEUTENANT DE POLICE ET SE REND COMPTE QUE FEU SON MARI N’ETAIT PAS L’HOMME QU’ELLE CROYAIT ET QUE PAR SA FAUTE UN HOMME A PASSÉ 8 ANS DERRIÈRE LES BARREAUX.
QUAND CELUI CI SORT ENFIN DE PRISON, ELLE SOUHAITE PLUS QUE TOUT SE FAIRE PARDONNER POUR CETTE ERREUR. C’EST DONC SUR CETTE DÉCOUVERTE QUE DÉCOULE 2H DE QUIPROQUOS, DE SITUATIONS INTENSÉMENT ABSURDES.
LES ACTEURS SONT FORMIDABLES, ADELE HAENEL QUE JE NE CONNAISSAIS PAS NON PLUS EST JUSTE GÉNIALE ET LES AUTRES NE SONT PAS EN RESTE. JE NE SAIS QUE DIRE DE PLUS, J’AI KIFFÉ COMME RAREMENT SUR CE GENRE DE GENRE!!!
C’EST DRÔLE, FIN ET POÉTIQUE. CA RACONTE UNE HISTOIRE QUI SEMBLE TRÈS AUTHENTIQUE ET QUI PREND AU COEUR LES PERSONNAGES DE CETTE FICTION RÉELLE ET NOUS AUSSI DU COUP. C’EST TOUCHANT ET TELLEMENT DRÔLE, FIN ET TRAVAILLÉ. LA MISE EN SCÈNE EST PARFAITEMENT ADAPTÉE. IL Y A DU RYTHME, ET DE LA RETENUE. DE LA PREMIÈRE MINUTE A LA DERNIÈRE, ON NE PEUT QUE SOURIRE ET RIRE DE BON COEUR.
CA COMMENCE DIRECT ET CA DOIT SUREMENT PASSER OU CASSER TOUT DE SUITE. SI L’INTRO NE PLAIT PAS ALORS LE RESTE DU FILM NE PLAIRA PAS NON PLUS C’EST SUR. UN FILM JUBILATOIRE SANS FAUSSE NOTE QUI REHAUSSE D’UN CRAN TRÈS CERTAIN L’AVENIR DU CINÉMA FRANÇAIS . ET QUAND ON VOIT LES NOTES DE SPECTATEURS (2/5) ON NE PEUT QUE SOURIRE FACE A SES IGNORANTS DU TRES BON CINOCHE COMME A L’ÉPOQUE. SI VOUS PREFEREZ REGARDER CAMPING 5 (ATTENTION JE NE DENIGRE PAS JE COMPARE JUSTE, J’AI COMME BEAUCOUP VU LE 1!;) GRAND BIEN VOUS FASSE MAIS SI VOUS ÊTES AUSSI CURIEUX DE VOIR DU GRAND CINEMA LIMITE D’AUTEUR, NE VOUS PRIVEZ PAS DE CETTE PETITE BOMBE, EXPLOSIVE.
AVIS AUX AMATEURS
Avec Adèle Haenel, Pio Marmaï, Vincent Elbaz et Damien Bonnard - memento - 31 octobre 2018 - 1h40
Navegador
Quand il commence à faire moche. Quand la pluie froide fait tomber les feuilles mortes. Quand les vacances de la Toussaint sont passées... au coin du feu, rien ne vaut l'écoute d'un disque bien chaud et mélodique. Un plaid grosse maille et musical!
C'est l'effet que fait en tout cas, le second disque de Tonio Thulo qui se cache derrier le nom de Cubalibregrupo. Il y a de la chaleur, de la qualité et des idées! Ce drole de punk, de la génération des Thomas Fersen ou des Manu Chao, s'est retrouvé dans la musique latine. La salsa de Cuba fut un choc dont il s'est jamais remis, visiblement.
Le Français se prend donc pour un pirate des Caraïbes. Il réalise son rêve. Après un premier album déroutant et décomplexé, la formule est désormais connue et fonctionne parfaitement: de la musique cubaine en version française. Cela surprend mais cela plait car on entend surtout un musicien se réaliser.
Les chansons sont généreuses et remplies de toutes les amitiés de Tonio. Ce dernier a invité tous ses amis cubains. Il a créé un lien que l'on écoute avec presque de la jalousie. Cela se fait en toute simplicité, sur des rythmes chaloupées, que l'on connait mais surtout que l'on apprécie.
Les cuivres jouent sur la jovialité. Le tempo fait transpirer. Les paroles amusent et s'adaptent aux influences africaines ou sud américaines. On se réchauffe auprès de cet album. Ca fait du bien!
Mayerling
La dernière sortie en solitaire, Xavier Plumas nous invitaint dans un coloré Cabinet Vaudou. Cette fois ci, il nous promène dans un atelier d'artistes. L'art de l'esquisse...
Xavier Plumas est un héros très discret de la musique française. Avec son groupe Tue loup, il fait des choix radicaux et souvent justes. Il touche à tout et on le retrouve sur d'autres projets. En solo, il se livre un peu plus et fait preuve d'une délicatesse que l'on pourrait comparer à celle d'un peintre.
C'est ce que pourrait rappeler la pochette de son troisième effort en solo. Un patchwork de coups de pinceaux. Suggestifs. Bariolés. Vifs. Ses chansons sont un peu comme cela. Elles sont le travail réel de l'artiste. Pas de bidouillage. L'instrument et l'inspiration seront les seuls armes pour offrir une image du Monde et des émotions à l'auditeur!
Il réussit cela très bien. Le chant se fait avec les contours d'une musique assez introspective. Les instruments semblent à l'affut du moindre vague à l'âme. Les mots ont leur importance et leur poésie. Xavier Plumas fignole avec une grâce des titres vibrants. Les sentiments sont crayonnés sur des accords toujours bien choisis et des refrains qui n'en font pas des tonnes.
C'est ce sens de l'évocation qui fait de l'art de Xavier Plumas, un moment simple et important. Ce type est précieux. Ses chansons, si proches de nous.
La lezarde l'autre distribution - 2018
Here if you listen
Mais qu'est ce qui fait courir David Crosby?
Il est l'un des figures discrètes mais imposantes de la musique folk. C'est dans le collectif qu'on le respecte. Avec Stephen Stills et Graham Nash. Les trois chevelus font de la résistance en ce moment. Ils multiplient les projets. Mais Crosby est celui qui semble vouloir rivaliser avec la productivité quasi hystérique du vieux complice solitaire, Neil Young.
Quatre albums depuis 2014. L'inspiration a repris le dessus sur ce roi fainéant. Les réunions d'anciens combattants ne lui suffisent plus. Il tourne à travers la planète et sort des disques qui ne sentent pas la vulgaire redite. Comme Young, il n'est pas du genre à recycler.
La course de fond impressionne. Le Californien sort donc Here if you listen qui rassemble une fois de plus de belles chansons pleines de coeur, d'espoir et d'activisme doux. Il s'est associé à quelques jeunes: Becca Stevens, Michael League et Michelle Willis. Le membre de CSN sait que l'union fait la force.
Ensemble, ils font de jolies compositions qui ondulent de vibrations et d'harmonies vocales, grosse spécialité de David Crosby. Le style est sage mais aussi sympathique qu'une réunion autour d'un ancien professeur qui n'a pas fini d'enseigner ses leçons d'humanité et de joie.
On se sent bien dans cet album. Les températures baissent mais lui fait l'effet d'un feu qui réchauffe. C'est du scoutisme folk. Ca a son charme, c'est certain!
Bmg - 2018
The Capitol Studios Sessions
Acteur cool, comédien nonchalant, grand dadais au génie tranquille, Jeff Goldblum a peut être gaché son talent dans quelques nanars célestes mais il en profitait pour devenir un jazzman élégant et connaisseur... Ca excuse les mauvais films alors!
Bon okay, il n'a pas joué que dans de mauvais blockbusters américains. Jeff Goldblum a tourné avec Woody Allen, Philip Kaufman, Robert Altman ou Paul Mazursky dans les années 70. Il fut un visage familier du bon cinéma populaire des années 80 (Silverado, La Mouche, Série noire pour une nuit blanche). Dans les années 90 puis 2000, le bonhomme rentabilise sa notoriété et son talent. Jurassic Park et Independence Day seront des cartons mondiales.
La négligence du bonhomme cache donc en réalité une passion pour le jazz. Tiré à quatre épingles, l'attitude du comédien est celle d'un mélomane en fait! Il fait donc le grand saut aujourd'hui avec un album fringant, à l'image de ce grand binoclard à l'élégance permanente.
Il ne fait que des reprises. Mais il les a répétées durant des mois. Il a monté un groupe efficace, The Mildred Snitzer Orchestra. Il n'y a pas de fausse note. Il s'est visiblement entrainé dans les clubs de Los Angeles. Le son est aussi travaillé que l'attitude du comédien.
Alors qu'il accompagnait au piano Gregory Porter dans un concert, un type de Decca a vu la performance de Goldblum et lui a offert les clefs des studios Capitol, que l'acteur a transformé en club. Il y a donc l'ambiance, la générosité, de l'humour et des notes de jazz qui swinguent parfaitement.
C'est tellement parfait que l'on devient soupconneux. Mais bon c'est aussi ca la classe. Goldblum est un faux jemenfoutiste. Au cinéma, il se compromet parfois sans avoir l'air d'y toucher. Ici, on entend tout de même un type passionné, ravi de son nouveau rôle! L'enthousiasme emporte tout! Le costard de crooner va très bien à ce drôle de comédien!
2018 - decca
The spy gone north
Histoire vraie et vrai film de cinéma surtout, The Spy gone North prouve bien que la Corée du Sud est le premier dealer de véritables spectacles populaires.
Cela fait bien une dizaine d'années que l'on constate que c'est là bas que les talents éclosent et que les blockbusters ne sont pas des machines à fric ou des objets frustrants. La vigueur de la série B et du film de genre de la Corée du Sud est incroyable. Elle rassure les cinéphiles qui ne peuvent plus supporter la frigide attitude d'Hollywood.
C'est donc en Asie que l'on trouve les meilleurs cinéastes, les projets les plus fous et les polars les plus hardcore. Désormais, les Coréens montrent qu'ils ont tout compris à l'art du film d'espionnage.
De la duplicité, il y en a. Des trahisons aussi. On pourrait même trouver le film très long à démarrer. Il faut dire que le réalisateur a le culot de coller à la réalité. Il raconte un récit inspiré de Black Venus, un espion sud coréen qui a su convaincre les sommets de la dicture du Nord.
Au début des années 90, la Corée du Nord fait trembler le Monde avec son hypothétique programme nucléaire. Le sud a des suées et envoie donc un ancien militaire qui se fait passer pour un homme d'affaires... On devine alors les coulisses de la politique dans cette zone chaude de la planète.
Ca fait peur mais le cinéaste a surtout la très bonne idée de fuir petit à petit le contexte géo stratégique. Le film met en place lentement des personnages. Ce sont eux qui vont nous faire vivre ce moment sombre de l'histoire des deux Corées.
Et les ambiguités de chaque parti vont ensuite faire le reste... c'est à dire un grand film d'espionnage, virtuose malgré quelques passages un peu touffus. La reconstitution minutieuse s'efface pour des héros forts, passionnants et ambivalents.
Il y a du Hitchcock dans sa mise en scène. Il y a de l'emphase qui ne tourne pas à la démonstration. La narration historique tourne au conflit plus intime. Le classicisme finit par bousculer le spectateur. The Spy gone north est une surprise qui cache bien son intensité et fera le bonheur de tous les amateurs de bons thrillers!
Avec Hwang Jeong-min, Sungmin, Jo Jin-woong et Joo Ji-Hoon - metropolitan filmexport - 7 novembre 2018 - 2h20
Volontaire
La comédienne Hélène Fillières continuer de sonder les ames et les compromis plus ou moins pervers avec un portrait étrange d'une jeune officier de l'armée. Engagez vous qu'ils disaient!
Hé bien, la petite Laure est toute fière de se lancer dans une carrière militaire. Fille d'intellectuels, ils s'étranglent de la voir partir sous le drapeau. Son regard bleu en dit long sur la détermination de l'ancienne étudiante brillante.
Pourtant elle va voir ses doutes se personnaliser en la personne de son supérieur direct, le commandant Rivière. Respecteux et rigide, l'homme en impose sur la base et surtout il entretient un lien étrange avec la toute récente officier.
Ambigu, leur rapport semble dépasser les ordres et les devoirs. Petit à petit, tout s'embrouille dans l'esprit de Laure. Comme dans son précédent film, Une histoire d'amour, Hélène Fillières observe ce basculement vers le bizarre, le désir ou la soumission...
La jeune femme, parfaitement jouée par l'impétueuse Diane Rouxel va donc avoir des sentiments plus ou moins inconnus au contact de son commandant, raide et froid. Un rôle qui va bien à Lambert Wilson. D'ailleurs c'est la grande force d'Hélène Fillières: un beau casting, intelligent et en phase avec son sujet.
Car autour de l'armée, qu'elle ne juge jamais (et c'est la bonne idée du film), la réalisatrice réussit un beau portrait de femme qui finalement s'émancipe de manière étrange mais réussit sa mue.
Ce n'est pas un film de propagande. Ce n'est pas une histoire d'amour. C'est un film au style assez atypique que certains jugeront tiède. Le regard n'est pas féminin: il est contemporain et c'est ce qui fait du film, une oeuvre juste, belle et sérieuse.
Avec Diane Rouxel, Lambert Wilson, Alex Descas et Corentin Fila - 2018