Illang

Bon vous allez voir, il y en a ici qui vont se réjouir de la bonne forme du cinéma sud coréen... comme partout y a aussi du nanar couteux et ridicule!

Et donc voici Illang, la version live du dessin animé japonais, Jin Roh, la Brigade des Loups! Pour le coup, en Corée du sud, ils ont mis le paquet avec les stars du moment et un réalisateur qui a su sortir des frontières.

Jee Won Kim n'est pas un faiseur sans âme. Il a réalisé le survitaminé Bittersweet Life. Il s'est fait son western spaghetti avec Le bon, la brute et le cinglé. Il a fait presque vomir le public avec l'effrayant J'ai rencontré le diable. Il a donc mis en scène le grand et vieillissant Arnold Schwarzenegger dans Le régressif mais amusant Le dernier Rempart.

Le gars, ce n'est pas une buse et on sent qu'on lui a fait confiance pour mettre en images, le formidable anime scénarisé par Mamoru Oshii. Il a les moyens et les idées pour réussir son coup. Mais manque de bol, son film est l'un des plus longs calvaires envoyés d'Asie!

Les comédiens sont à la ramasse. L'image est sombre. L'action est vu et revu. Le scénario se fait avaler par la tentative de réinventer l'histoire. A l'origine, cela se passait dans les années 50; désormais on est dans un futur proche. On ne comprend pas trop le choix. Mais surtout, cela bavarde pendant des scènes et des scènes. La durée du film est totalement inutile. En fait tout sonne faux à l'image des fameux costumes de la fameuse brigade des loups, qui plonge dans un énorme complot politique et militaire.

Le film ressemble à un gros compromis entre metteur en scène et producteurs. Il n'y pas d'ame ou de corps dans ce film. Ce fut un bide en Corée du sud et on comprend pourquoi. Ce coin de la planète est épatant pour les cinéphiles mais pour les amateurs de nanars, vous trouverez aussi votre bonheur...

avec Kang Dong-won, Han Hyo-joo, Jeong Woo-seong et Kim Moo-yeol - Netflix - 2018

Au milieu de l’hiver, j’ai découvert en moi un invincible été, Anaïs Allais, la Colline

 

 

Dans son spectacle Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été, nous suivons l’histoire de Lilas et son frère Harwan. Ils se positionnent différemment par rapport à l’histoire familiale qui leur a été cachée.

D’un côté, Lilas se plonge à cœur perdu dans l’histoire de l’Algérie, ce pays d’où leur mère est originaire. Elle décide de découvrir la « grande » histoire à travers des ouvrages variés ; personnages sportifs, écrivains, artistes… Ces lectures et ces découvertes lui permettent de faire des rattachements avec la « petite » histoire familiale. Grâce à Méziane, musicien et professeur d’arabe, elle s’imerge un peu plus dans la culture arabe, notamment en apprenant une chanson.

Cette soif d’apprendre fait tenir Lilas et lui donne le goût de vivre alors qu’elle est en pleine rémission d’un cancer.

D’un autre côté, on retrouve Harwan. C’est le frère peu sûr de lui, qui s’inquiète pour la santé de Lilas. Il ne comprend pas l’engouement de Lilas pour ce pays qu’ils ne connaissent pas. L’Algérie, c’est le pays de sa mère et rien de plus à ses yeux.

 

Au milieu, on retrouve Méziane, c’est lui qui va réussir à reconnecter un frère et une sœur, la France et l’Algérie. Il raconte la douloureuse histoire partagée entre les deux pays sur fond de colonisation et d’indépendance.

 

On se laisse complètement embarquer par ce conte à l’atmosphère des mille et une nuit mais qui nous écorchent par les thèmes abordés : la fraternité, la mort, l’héritage…

 

Jusqu'au 1er décembre 2018 

 

La Colline, Théâtre National

Durée 1h30

Rebecca Bory

 

Le Livre de la Jungle, le Musical, Ned Grujic, Théâtre des variétés

 


L’histoire, chère à notre âme d’enfant : Mowgli, petit d'homme, grandit parmi les loups dans l’esprit de meute. Menacé, il doit partir découvrir la jungle et apprend avec Bagherra et Baloo les essentiels de la vie. Non sans risque, il se forge son identité d’homme dans un monde animal. Et apprend d’eux à respecter la terre et à se faire respecter.

Chacun savoure les scènes mythiques de ce voyage initiatique : l’arrivée dans la meute, la danse des éléphants, l’hypnose de Kaa le serpent, l’amitié avec Baloo maître du slow life et de la bio food, un maitre de bonheur targué de « gros ours altermondialiste » par le roi Louie, le singe rastafaraï opportuniste.

On salue tout particulièrement le talent époustouflant du metteur en scène Ned Grujic, de Raphaël Sanchez pour ses musiques aux paroles aussi inspirantes qu’Il en faut peu pour être heureux « Apprend moi à être sûr de moi, à respecter la terre, à aller au bout des choses », Julia Ledl pour ses chorégraphies aux allures animales, plus vraies que nature, et surtout Julie Coffinieres pour ses masques si beaux, si vivants, à en rugir de plaisir.

Tom Almodar en Mowgli et Terja Diava dans Bagherra nous épatent. Ils sont faits pour la scène. Dans leurs attitudes on perçoit tant la fierté animale mêlée à la tendresse, la vivacité et la fougue.

Quelle belle idée de placer ça et là des leçons de vie saine, d’amitié, d’harmonie entre les animaux, les hommes et la nature sauvage. Les enfants rient et s’amusent. Les adultes voient les clins d’œil à notre société. Un vrai spectacle réussi pour petits et grands dans un esprit écolo et joyeux. A voir !

 

Théâtre des variétés

Durée : 80 min

Horaires: 14H00

LOST

Fille de son époque, Camélia Jordana compose de nouvelles chansons hybrides, entre l'ancien et le nouveau. Elle se perd ou nous perd mais il y a tout de même un parcours exemplaire.

La jeune femme a un talent énorme. Son premier disque était une incursion pop flamboyante. Elle a sauté sur un autre style plus expérimental avec l'inégal Dans ma Peau puis elle s'est faite plus discrète. Sauf au cinéma.

Camélia Jordana est une artiste complète. On l'apprécie pour cela. Elle se réalise devant nos yeux. Et nos oreilles. On aime son ouverture d'esprit. Ce que confirme ce troisième effort musical. Cette fois ci, la belle fait dans le bidouillage électro world wide. Mais c'est peut être un peu plus!

C'est ce que l'on se dit au début avec des sons synthétiques, des boucles qui claquent, et une voix une fois de plus protéiforme. Elle semble à l'aise dans les genres. Jordana est un pur caméléon. Et désormais elle l'assume.

D'ailleurs son disque tourne autour de l'identité. Et ce n'est pas totalement le disque de Camélia Jordana. Il est conçu avec l'aide précieuse de Laurent Bardainne, membre de Poni Hoax et touche à tout curieux qui voudrait bien lui parler de son époque.

Ensemble, ils sautent par dessus les barrières et les stéréotypes. Ils coupent les étiquettes. La chanteuse se raconte en français, en anglais ou en arabe. Le duo aime se coller au bitume puis s'envoler dans une espèce de mysticisme sonore, parfois envoutant, parfois un peu trop appuyé.

On pourrait imaginer un vieux disque de trip hop s'il n'y avait pas cette voix à suivre. Il y a du groove et de la réflexion. On pourrait se demander si tout cela ne manque pas d'un peu de spontanéité. Mais le résultat déconcerte. Il ne laisse pas indifférent. Et demande plusieurs écoutes. LOST prouve que rien n'est acquis. Rien n'est perdu.

sony music - 2018

 

Anthem of the peaceful army

Après des petits albums qui nous faisaient bien saliver, Greta Van Fleet sort son premier vrai album qui dépassent les quarante minutes... et décoit presque!

Pourtant il y a bel et bien les mêmes qualités que dans les autres efforts de ce groupe qui fait un peu mieux que les autres. Il ose se confronter à Led Zep et tient la comparaison. Bah oui, ca arrive. Même Robert Plant a salué la performance des frères Kiszka et du batteur Danny Wagner.

La voix qui grimpe haut. Des guitares qui virevoltent. Des rythmes costauds. Le bon vieux hard rock refait recette et le quatuor impressionne par ses qualités lyriques qui semblaient avoir un peu disparues.

Bref, on attendait leur premier long effort. Mais l'effet "shot" des premiers opus disparait automatiquement ici. On travaille sur la durée. Le premier morceau s'etire sur un bon rock lancinant, où en six minutes, les gaillards nous font la totale.

Ils nous faut le second titre pour avoir un peu plus de spontanéité. Le groupe est décidement très bon pour le boogie rock. When the curtains falls prouve que la rapidité est la force de Greta Van Fleet. Les gamins montrent aux ainés qu'il y a encore de la place pour de la nouveauté dans le blues rock de nos anciens!

La suite sera plus classique. Les titres donnent l'impression d'être interchangeables. On finit même par se détacher des poussées vocales et des solos un peu trop répétitifs. Ce n'est pas désagréable. Mais le groupe est peut être arrivé trop vite et trop fort.

Il faut se rappeler que ce sont des gamins et qu'ils affrontent une montagne mythologique qui a grandi avec Led Zep et compagnie. Ils sont de dignes descendants. Mais les erreurs forment la jeunesse! Ils sont tellement doués qu'on ne peut pas trop leur en vouloir de bien faire! Mais on attendra le prochain pour voir si la maturité leur va bien!

Republic - 2018

From lead to gold

Le rock de doux rêveurs, d'amateurs de rock classique, d'amoureux de la mélodie électrique... Un peu de délicatesse dans ce monde de brutes!

C'est le bon vieux son de papa. Mais qu'est ce qu'il est bien exécuté! Staretz refuse les canons de la musique actuelle. Ils prennent un malin plaisir à sortir le vieil orgue hammond, le saxophone ou l'harmonica.

Le rock, c'est une question pour eux d'harmonies, de mélodies et de refrains imparables. Cela marche avec cet album qui automatiquement obtient l'adjectif de "vintage". Le groupe est né en 2013 mais joue sur la mélancolie, les idées noires et son expériences plus ou moins heureuse.

Un membre décède. Les studios habituelles disparaissent. Le temps passe mais les valeurs restent sur ce nouveau disque maîtrisé d'un bout à l'autre. Avec un guitariste tout jeune et surdoué, les vieux briscards de Toulouse imposent un rock classe et volontaire.

Les morceaux s'enchainent avec une grace peu commune. Les musiciens s'écoutent et se répondent et le groupe est sacrément soudé pour tricoter un rock'n'roll voluptueux et assez saisissant. Le groupe nous fait planer sur un son doux et spontané.

A ce niveau, c'est presque de la poésie... et ca fait un bien fou!

Bang! records 2018

Castle Rock, Maine pas peur ! Enfin si, en 10 raisons.

 

Il est des cerveaux, parfois, dans lesquels on aimerait vivre juste l’espace d’une journée, celui d’un Président de la République, celui d’un génie chercheur, celui d’une star américaine en plein tournage d’un blockbuster, oui ok ok de Rocco Siffredi aussi rhhoooo, une ½ journée, celui d’un joueur de foot un soir de victoire de Coupe du Monde, et que sais-je encore chacun son trip.

 

Mais s’il en est bien un qui fascine par son génie, son détraquage permanent et propice à chaque lecture ou visionnage d’un film ou d’une série issus de ses œuvres originelles, et ce depuis désormais quatre décennies, roi du « mais où et comment le mec va chercher tout ça ??? », c’est bien celui de Stephen King. 

Admiratifs quoi qu’en fait hantés depuis notre enfance par son inoxydable créativité, nous pensions pour beaucoup avoir fait un peu le tour de la question, que The Shinning au fil du temps ferait moins peur, qu’après la 10ème redif de Misery nous ne serions pas en mode sursaut glacés dans notre canap’ à l’apparition d’une infirmière tarée à la lueur d’une nuit d’orage, et que le remake de ça l’an dernier sonnait le glas d’une fin de carrière où le disque allait bien finir par crachoter du sillon.

Et bien non, ce grand cerveau de malade, oui, disons-le carrément, en avait encore sous la godasse semelles cuirs maculées de sang, et même si les origines de Castle Rock remonte au bouquin Deadzone dudit Stephen en 1980, sa rencontre avec un autre cerveau aussi barré et en mode de jungle créative que J.J Abrams (créateur de LOST…c’est dire), lui donne une nouvelle vie, qui, dans ce fin fond du Maine (Etat dépeuplé gris resté bloquait dans le 70’s triste de ce nord-nord-est de l’Amérique) confine à l’angoisse géniale et en fait une série fraîchement sortie sur Canal+ de celles dont à la fin de chaque épisode on a vite vite envie de connaître la suite.

En fait cette chronique pourrait de fait s’arrêter là car à moins de ne jurer que par « La petite Maison dans la prairie » ou « Plus belle la vie », comment ne pas tomber assez dingue fou de Castle Rock ; pour vous convaincre encore un peu, 10 raisons garanties sans spoilers :

  1. Maine de rien mais quand même notre ami Bill Skarsgård qui joue le gars qui hante toute la ville, planque tes nièces si tu le croises, le tout avec un texte qui sur l’ensemble des 10 épisodes est aussi long qu’une ½ feuille A4, est aux confins de l’exceptionnel. Espérons qu’il ait un bon psy.
  2. Toujours déroutant de se faire trimbaler dans une série entre temps présent, temps futur, passé pas passé ou est-ce que cela a vraiment existé ou pas, mais là, c’est bien fait, bien foutu, bien marqué, on prend !
  3. Loin de moi l’idée de faire le mec qui s’y connaît en technique cinématographique à regarder dans le détail des génériques de fin pour voir qui était le 2ème ingé son ou l’assistant lumière, mais cette ambiance visuelle, fait jamais beau dans ce foutu Maine, cette lumière entre 80’s 90’s et temps présent, absorbe à t’en glacer le sang les yeux depuis ton canap.
  4. Sans spoiler, quoique si en fait un peu, toujours savoureux de voir vivre dans une série des personnages dont tu étais persuadé qu’ils allaient se faire traverser par les lames de couteau, et à l’inverse se faire surprendre par le tragique d’une vie alors que tout semblait écrit que, elle, survivrait.
  5. Ce Bill Skarsgård non mais merde quoi, ce talent de timbré !
  6. Parce que le Maine a voté à 60% pour Trump et que la série, si vue largement, va définitivement annihiler toute envie de tourisme et d’installations là-bas, et bien ça sera bien fait !
  7. Répétons-le, l’alliage de Abrams et King est quand même l’assemblage de deux cerveaux de génie, et que si nous avions pu « rêver » d’une série située entre les surprises perpétuelles de Lost et le suspens froid d’un Shining, bah la voici cette série.
  8. Toujours savoureux, enfin c’est mon avis dans mon esprit de tordu, de foutre un grand coup de pied dans le manichéen, tous les personnages ne sont pas blancs ou noirs (enfin si, de peau, rhoooo lalalalalalaa), disons soit des mignons gentils futures victimes proies soit des méchants pas gentils tueurs de mignons gentils futures victimes proies.
  9. Bah ça justement mon pote, dès le début, tu le comprends et t’es sûr que ça ça te lâche pas, alors tu regardes ta chérie à l’autre bout du canap, et tu te demandes si elle va pas te foutre un coup de couteau à un moment…bon là ok t’as les boules, mais c’est rigolo, non ? Allez siiii !
  10. Parce que c’est bien. Voilà. C’est bon de toute façon si t’aimes pas ou t’as pas Canal+ bah retourne chez ta mère, et arrrrrreeeetttttteeee sinon je t’envoies dans le Maine pour tes prochaines vacances !

J’vous embrasse.

 

 

The Fog

Puisque l'on vous dit que John Carpenter est toujours présent sur nos écrans. Après la production du dernier Halloween, la sortie en blu ray de Jack Burton, voici que The Fog revient au cinéma!

Pas le remake! On s'en souviendra comme le plus mauvais remake de tous les temps. Un machin sinistre qui montre bien que les studios ont un problème avec l'univers du réalisateur de Starman. Ils ne comprennent rien à la subversion du personnage.

Carpenter n'est pas un tendre. Il a toujours aimé égratigner le monde qui l'entoure avec des histoires fantastiques. Son style n'est jamais gratuit: il y a une logique implaccable dans ses récits. Il adore critiquer sous couvert de divertir. C'est un sacré emmerdeur.

Assaut, western moderne, parlait d'insécurité et de désarroi social. Halloween suggérait l'ennui des banlieues bien blanches. The Fog montre les fantomes, au premier degré, qui se cache dans l'histoire américaine.

Petite production, le film se base sur une photo irréprochable, que l'on redécouvre aujourd'hui après un très joli nettoyage et un récit solide faisant croiser plusieurs personnages. D'ailleurs, amoureux des femmes, The Fog n'a que des femmes fortes. Et un casting sublime.

Carpenter retrouve la belle Jamie Lee Curtis et Nancy Loomis après le succès suprise de Halloween, la nuit des Masques. Il fait jouer aussi sa femme, l'impressionnante Adrienne Barbeau. Et il réussit un joli coup en ajoutant, Janet Leigh, la mère de Jamie Lee Curtis, au casting. Les femmes sont intelligentes dans The Fog et c'est une oeuvre féministe avant l'heure.

Mais ce n'est pas la seule qualité: une fois de plus, Carpenter prouve qu'il a un sens de la mise en scène sans faille. Tout est vérouillé: la malediction qui s'abat sur le petit port d'Antonio Bay est inévitable et sans concession. Le film d'horreur a quelque chose de primitif par sa rapidité d'exécution et ses raccourcis si précis. Carpenter ne joue la montre. Il va à l'essentiel. Il aime le genre. Cela se ressent encore. Refusant de réaliser un nouveau film, il nous manque ce monstre sacré!

Avec Jamie Lee Curtis, Adrienne Barbeau, Tom Atkins et Hal Holbrook - Splendor film - 31 octobre 2018 - 1h25

Jack Burton dans les griffes du mandarin

Eloigné des plateaux de cinéma, occupé par une tournée mondiale, John Carpenter réussit à avoir une actualité chargée! Et nous, on ne va pas se plaindre.

Il vient de produire et composer la musique du tout dernier Halloween. John Carpenter ne veut plus avoir à faire avec les gros studios. Parmi ses mauvais souvenirs, il y a le sort réservé à sa comédie fantastique: Jack Burton dans les griffes du Mandarin.

Ce fut un gros échec à sa sortie en 1986 et le film a couté cher à la carrière du cinéaste. Les deux films suivants, Le Prince des Ténèbres et Invasion Los Angeles sont des charges monumentales contre la société qui l'entoure. Le nihilisme submerge John Carpenter durant les années Reagan.

Jack Burton fut une récréation qui heureusement, avec le temps, a montré ses qualités de coeur et de mise en scène. Car le réalisateur de The Thing voulait rendre hommage au cinéma de HongKong qui tout simplement réinventait le cinéma d'action et donner des valeurs narratives inédites à la série B.

Le film est donc une comédie qui expérimente. Il ne faudra pas s'étonner si Carpenter devient après cette expérience douloureuse durant la production, un auteur clairement indépendant. Ici, il tente une virtuosité qui pouvait déconcerter.

Tant pis pour la critique ou le public de l'époque. Jack Burton annoncait une petite révolution. Rappelons que ce fier Américain va se retrouver au milieu d'une guerre souterraine pour aider un ami à retrouver sa belle fiancée aux yeux clairs, qui intéresse un Fu Manchu exilé!

Il est tellement dépassé que notre héros n'est finalement qu'un sidekick bavard et drôle. On n'est pas prêt d'oublier les nombreuses répliques de ce gentil abruti au milieu des légendes millénaire!! Encore aujourd'hui elle font mouche! Les dialogues et la symbiose entre les comédiens sont une force du film.

Mais avec cette remasterisation, on apprécie toutes les couleurs, les décors, les costumes et les autres idées parfois loufoques du réalisateur. Les bonus sont à la hauteur du film. Comme deux vieux copains, Kurt Russell et John Carpenter sont ravis d'avoir un micro devant eux. La fin alternative, les images d'époques, bref tout y est pour réhabiliter cette fantaisie asiatique, exotique et fantastique à tous les points de vue.

Avec Kurt Russel, Kim Cattrall, Dennis Hun et James Hong - 20th century fox - 1986

Bohemian rhapsody

Film Under Pressure par excellence, Bohemian Rhapsody sort enfin sur les écrans. Et souffre de tous les aléas d'une production qui pourrait mériter un film elle aussi.

On va tenter de vous faire un résumé de tout ce qu'il s'est passé depuis que Sacha Baron Cohen avait proposé de jouer le célèbre chanteur, Freddie Mercury. Un réalisateur est choisi puis les ayant droits s'en mêlent et ce sont une succession de compromis qui finissent par décevoir Cohen qui se barre. Le scénario est écrit pour que ca plaise à tout le monde. Surtout Brian May et Roger Taylor, guitariste et batteur de Queen, producteurs du biopic.

Ca n'aide pas à la grande objectivité et difficile pour un cinéaste de s'imposer. Habitué aux X Men, Bryan Singer relève le défi. Mais il finit par être viré avant la fin du tournage. On parle de différents artistiques. Le tout premier réalisateur choisi, Dexter Fletcher - réalisateur d'un film sur Elton John - revient aux commandes. On sait surtout que le réalisateur de Usual Suspects est accusé de viol par un jeune comédien.

On devine d'ailleurs dans le portrait de Mercury, le reflet du cinéaste. Car le film est très poli sur la vie dissolue du moustachu qui a fait trembler Wembley. C'est la chose la plus intéressante du film et c'est non voulu: la controverse, l'homosexualité, les moeurs... Difficile de ne pas voir un écho avec la vie tumultueuse de Bryan Singer, ambigu dans la vie comme dans ses films.

Mais dans Bohemian Rhapsody, tout cela relève un peu de l'anecdote. Des "a cotés" exotiques. Ce qui compte c'est l'osmose entre quatre musiciens, très différents, qui vont révolutionner le rock et défier les conventions, à tous les niveaux.

Mercury est un emmerdeur génial. John Deacon est un doux rêveur. Roger Taylor est un dragueur tendre. Enfin Brian May est un technicien remarquable qui forme le ciment du groupe. Ils forment une belle bande de potes que l'on voudrait avoir. Les hits du groupe sont nés de cette amitié hors norme qui passera les épreuves: la gloire, la haine, la décadence et bien entendu, la rédemption.

Car les biopic, c'est comme les films de super héros: c'est construit de la même façon. Avec la même narration. La même morale. Mercury, c'est quasiment la même chose que Ray Charles ou Johnny Cash. C'est un peu pantouflard surtout et indigne de l'énergie du désespoir qui a habité Freddie Mercury, extraterrestre du rock'n'roll.

Heureusement il y a de bonnes choses: certains passages autour de la musique sont intenses et les comédiens pour la plupart méconnus sont assez bons. Mais le film est paresseux, trop simpliste, ou défend une ligne qui semble très très (trop) officielle. Comme Yves St Laurent il y a peu, on pourrait imaginer une seconde version plus indépendante du mythe, plus créative, plus folle. Plus rock'n'roll quoi!

avec Rami Malek, Ben Hardy, Joseph Mazzello et Tom Hollander - 20th century fox - 31 octobre 2018 - 2h09

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