chanson du jour: con conn was impatient

chanson du jour: bubble gum

In the blue light

C'est en 1964 que sort le tout premier album solo de Paul Simon. En 2018, il nous offre son 14e effort: Paul Simon prend son temps et c'est peut être cela que l'on entend dans ses chansons.

Car le camarade de Art Garfunkel est tout sauf un homme pressé. C'est un curieux, qui s'intéresse à tout et qui n'écrit pas tous les quatre matins. D'ailleurs son nouveau disque est une délicieuse arnaque.

Il fallait s'en douter. Il n'y a que deux années entre In the Blue Light et Stranger to stranger, son précédent disque. Il nous fait le coup de l'album de reprises? Pas du tout: Paul Simon reprend finalement des chansons à lui mais pas très connues.

Il a pioché dans son riche répertoire des tas de chansons mal aimées. Il offre une seconde jeunesse à ses titres. Paul Simon marche à l'envie et à la rencontre. C'est ce qui donne des disques aussi variés (bon sang, réécoutez Graceland, le disque le plus généreux de l'histoire du rock).

Cette fois ci, il collabore avec Wynston Marsalis ou Bill Frisell, des références du jazz. D'autres sont là. Il réinterprète ses chansons pour des pointures du genre. La rencontre était logique mais on devine encore la jouissance de ce fin songwriter, l'envie d'un ailleurs artistique. Entre folk, blues et jazz.

Des guitars élégantes, des instruments en écho, des mélodies astucieuses, on est vraiment bien sous la lumière d'un Paul Simon serein et de ses désirs simples. C'est beau. Pas nouveau du tout. Mais, sans nostalgie, il recycle idéalement son catalogue. En vieillissant, il perd rien de sa fausse candeur et de son doux humanisme, qui font de lui, un musicien important.

Legacy 2018

chanson du jour: lightenup

Look Now

6 ans! Six longues années de discrétion totalement inhabituelle. Le touche à tout Elvis Costello avait disparu. Un fantome qui s'est tout de même fait remarqué en 2013 avec les Roots. Marié avec la chanteuse Diana Krall, il semblait se laisser aller. Heureusement, Look Now donne de bonnes nouvelles.

Malade, usé, âgé, papa tardif de jumeaux, Elvis Costello n'a plus grand chose à voir avec l'épingle à nourrice posée sur une grosse paire de lunettes qui aimait follement le rock'n'roll et ses impertinences.

L'artiste aurait plusieurs vies dans son parcours musical. Un peu punk, il est devenu l'ami des stars de Hollywood et un passionné de la musique: il a touché à tous les genres. Il collabore avec des gens éloignés de son style. Il essaie plein de choses. Ca fonctionne ou pas mais Elvis Costello est un type toujours intéressant à suivre.

Prolifique, il avait coupé les ponts. Et le revoilà enfin! Parce que son écriture a toujours quelque chose de jubilatoire. Ou de vitale, Costello, on l'aime. Depuis toujours. Il a changé mais finalement c'est toujours le même. Ce binoclard énergique à la recherche du refrain parfait!

Pour l'occasion il retrouve les Impostors. Les vieux complices connaissent le bonhomme. Et on retrouve ainsi tout ce qu'on aime chez Costello. Ce goût du vintage (on entend Burt Bacharach). Ce plaisir de l'esbroufe. Cette passion pour la mélodie. Cette envie d'être dedans et à coté. Cet humour doucement distillé. C'est un vrai disque de compositeur.

Le premier titre s'ouvre sur des cymbales énervées et la voix grelote de nouveau: c'est la patte de Costello qui aime tant les variations les plus osées. Mais sa pop est désormais armée de toute son expérience.

Il y a donc du piano, des cordes, des cuivres, des harmonies californiennes et des coups de folie. Ca pourrait partir dans tous les sens mais quand on connait le personnage, on sait que tout cela relève plus de la sensibilité et de la délicatesse.

le rockeur est devenu un songwriter. On entend un peu tout ca dans ces nouvelles chansons! Il y a pas grand chose de nouveau dans l'univers de Costello mais son effacement ces derniers temps rappellent la richesse et son talent. Un disque qui fait du bien donc!

Concord - 2018

Pourvu qu’il soit heureux, Francis Huster, Fanny Cottençon, théâtre Antoine

En vacances à Concarneau, l’heure est à la détente pour Maxime et Claudine. Lui va acheter le journal comme tous les matins, elle se fait une beauté. Mais dans le kiosque presse, en Une d’un magazine People voilà leur fils unique de 23 ans main dans la main avec un acteur de série d’âge mûr.

Dans une mise en scène moderne  - le téléphone toujours à portée de main-, Francis Huster et Fanny Cottençon forment un couple de parents des plus vraisemblables avec la palette d’émotions qui va avec. Campés sur leurs positions, ils vont égrainer chacun leur tour tous les lieux communs, passant par les clichés les plus homophobes. Des propos d’un autre temps, à les entendre sur scène, et pourtant pas si datés pour ceux qui le vivent au XXIe siècle.

Laurent Ruquier, auteur de la pièce nous place dans le vif du sujet, en tirant le trait. C’est malin de sa part de tenter de faire rire sur un sujet qui fait encore grincer bien des dents.

Mais on aurait aimé voir le sujet traité plus en profondeur. Comprendre ce qui se joue dans les familles à l’annonce de l’homosexualité d’un enfant. Comment parler d’amour quand les parents se braquent ? Comment tuer l’idée que c’est-ce un choix qu’on peut orienter ? Qu’il y aurait un droit chemin. Qu’est-ce qui peut aider à assumer ? Pourquoi associer l’amour d’une personne à une faute? Comment éduquer à la tolérance ? Comment faire taire la peur du Qu’en dira-t-on ? Comment accueillir les réactions les plus virulentes ? Y aurait-il une façon de faire changer la société en faisant accepter la situation par sa propre famille ?

Le sujet des plus intimes souligne que la seule vérité est celle que l’on vit.

www.theatre-antoine.com/pourvu-quil-soit-heureux 
Du Mardi au Samedi à 21h. Samedi et Dimanche en matinée à 16h

Until the lights fade

Elle a visité le monde entier. Elle copine avec Coldplay. Elle, c'est Juanité Stein, jolie mome qui s'y connait en matière de mélodies rock.

Elle vient d'Australie. Elle s'est offert un succès d'estime en Grande Bretagne avec son groupe Howling Bells. Elle défend un rock indé mais connait quelques pointures du rock. Elle se promène désormais tranquillement sur la surface du globe et nous en rend compte à travers des albums solo.

America, son premier opus toute seule, ne manquait pas de charme et désormais, on la retrouve dans les rues de Paris (du moins sur la pochette puisque l'enregistrement a eu lieu à Austin). Bon elle ne sort pas l'accordéon, le béret et le camembert. Soyez rassurés: il n'y a pas Kendji Girac ou Maitre Gims à l'horizon.

Le chanteuse reste dans son créneau: un rock mélodique et très humain. Les guitares répondent aux atermoiements de Juanita Stein et cela se fait avec une élégance rare. Si vous aimez les nanas comme Courtney Barnett ou Hurray for the Riff Raff (si vous ne connaissez pas précipitez vous), vous allez être séduit en quelques titres par Juanita et son rock un peu rétro mais saisissant.

Elle a le courage d'aller vite à l'essentiel. Ses chansons sont réalisés sans artifice (sauf l'écho) et sans grand telescopage. C'est une musique qui se love entre les instruments et les sentiments. Il lui faut trente minutes pour nous prouver toute l'étendue de son talent.

On aime donc son ouverture d'esprit, cette facon de reprendre les vieux trucs pour leur donner un nouvel éclat, son amour du rock sans gras... pour les personnes un peu romantiques ou romanesques, voilà la fille qu'il vous faut pour survivre à l'automne.

A star is born

Remake du grand classique hollywoodien, le premier film réalisé par Bradley Cooper se décompose au fil des notes et des minutes. Reste à la fin un mélodrame super kitsch.

Pourtant cela démarre bien. Le comédien qui s'essaie ici à la réalisation, s'est fait une tête de rockeur bien ricain. Il a un bel accent. Et ses yeux bleus sont magnifiques au milieu d'un visage figé par la douleur, l'alcool et le succès. Franchement, Bradley Cooper s'en sort. Il a en plus la bonne idée de prendre comme frère dans le film, Sam Elliott, autre vision légendaire d'un cowboy moderne. Ils en font trop mais c'est bien fait. Rien à dire.

On est aussi convaincu par Lady Gaga, qui loin de son manège coloré, est convaincante en working class hero. Elle interprète avec conviction une jeune fille aveuglée par la gloire et l'industrie. D'ailleurs la direction d'acteurs est juste. Les personnages sont touchants en quelques plans. Cooper filmerait une humanité qui souffre, malgré les paillettes, les concerts et les fans.

Le film pourrait être une observation précise de l'aliénation au succès mais Cooper se fait avoir par son scénario, totalement ridicule dans une deuxième partie. On peut accepter l'aspect "bigger than life" et les effets "too much" de la star et sa protégée mais le film se perd dans le grotesque dramatique et les effets les plus ringards.

Cooper, plutôt intelligent dans sa mise en scène, assumant les contradictions de ses héros, étudiant les mythes du show business, se vautre lentement dans un mélo impossible à accepter à notre époque. En plus, entre country  braillarde et pop radio, on faisait déjà des efforts: au bout d'un moment on craque totalement.

Avec Lady Gaga, Bradley Cooper, Sam Elliott et Andrew Dice Clay - Warner Bros - 3 octobre 2018 - 2h15

Aucun homme ni Dieu

Cela a beau se situer en Alaska, le nouveau film de Jeremy Saulnier est très très très noir. Et intense.

Russell Core est au bout du rouleau. Ecrivain spécialiste des loups, il débarque au fin fond de la morne Alaska pour rencontrer une jeune femme endeuillée par la mort de son fils. Tué par un loup. L'ambiance est pesante mais le vieux romancier tente de commencer une enquête même si tout le monde agit bizarrement autour de lui depuis son arrivée dans le grand Nord.

A des milliers de kilomètres de là, le père de l'enfant est sergen en Irak. Après une blessure, il doit rentrer au pays mais il n'est plus tout à fait le même. Et sa présence va envenimer les choses assez rapidement.

C'est le moins que l'on puisse dire car les révélations vont bon train dans ce thriller bien plus que sombre, pas loin de la dépression totale. Sam Peckimpah aurait apprécié: l'âme humaine n'est qu'une grosse poubelle d'angoisses et de violences. La folie hante chacun des personnages.

Remarqué pour ces deux films déjà violents, Blue Ruin et Green Room, Jeremy Saulnier confirme qu'il est un sérieux faiseur de polars bien glauques et qu'il veut clairement nous rentrer dedans. Une intention finalement honorable. Car son film nous secoue dans tous les sens.

Il commence par un faux rythme puis nous détourne de tout espoir pour nous faire plonger dans un marasme psychologique, social et intellectuel. Le titre indique bien qu'il n'y a plus d'espoir dans ce coin reculé de l'Alaska. Mais on pensait pas à ce point.

Les poussées de violence sont spectaculaires mais la dignité des quelques héros est remarquable tout comme le magnétisme du mal incarné par un Alexander Skarsgard, absolument fabuleux, mais ca, on l'avait déjà remarqué.

Petite pépite noire, Aucun homme Ni Dieu est peut être le film qu'il faut absolument voir ce mois ci... avant de rentrer dans la saison froide!

Avec Jeffrey Wright, Alexander Skarsgard, James Badge Dale et Riley Keough - Netflix - 2018

Operation Finale

L'auteur de American Pie s'intéresse à la capture du Nazi Eichmann... tout est dit.

Car Chris Weitz est un auteur touche à tout. Il a connu la gloire avec la célébre saga liée à la libido culinaire des jeunes Américains. Mais il s'est ensuite diversifié. Il a réussi une comédie anglaise (Comme un Garcon). Il a tenté de mettre sur pieds une franchise sans y arriver (La Boussole d'or). Il a assuré le succès commerciale d'une autre franchise (Twilight 2). Il a surtout écrit des blockbusters dont le Rogue One de Star Wars.

Donc il ne faut s'étonner de le voir finalement derrière la caméra pour un récit historique, plutot sérieux. Opération Finale décrit la traque incroyable de Aldof Eichmann par des agents du Mossad, qui se sont bien compliqués l'existence pour le transporter de Buenos Aires, en Argentine, jusqu'à Jérusalem où le premier ministre Ben Gourion voulait qu'un Nazi de haute importance soit jugé.

Les conditions de la capture de l'ancien officier sont connues depuis des lustres et surtout étaient totalement rocambolesques. Le film lui décrit scrupuleusement la planque du Nazi, les motivations des agents puis enfin le coup de filet.

Hélas tout ceci est filmé avec une platitude qui défie l'ennui. Les comédiens sont tous bien sages à leur place. Ben Kingsley fait du Ben Kingsley. On est entre le cabotinage et le génie. Oscar Isaac est aussi fade que Mélanie Laurent.

La musique d'Alexandre Desplat est sans saveur. Tout comme la lumière. Les décors. Les dialogues. Chris Weitz se limite à une illustration désuète, comme figé par l'enjeu et l'ambition du film. Car, à cette époque de populisme aigu, le message n'est pas si anodin et le film a une utilité publique. Reste que tout ceci a gommé le moindre effort artistique.

Avec Oscar Isaac, Ben Kingsley, Mélanie Laurent et Lior Raz - Netflix - 2018

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