Le chanteur des Who est le type impossible à détester. Difficile aussi de le vénérer. Avec sa beauté incendiaire et un charisme d’huitre, Roger Daltrey n’a jamais réussi à convaincre totalement.
Pourtant à 74 ans, le bonhomme continue de chanter avec cette envie de lion et ce timbre si reconnaissable, qui a fait la force des plus grands titres des Who. Bien évidemment, le souffle commence à manquer mais il a l’esprit vaillant.
Surtout quand il reprend des titres de Nick Cave, Stevie Wonder ou Stephen Stills. C’est dans la reprise qu’on le préfère car il montre un vrai caractère. Les autres chansons sont plus anecdotiques. Cela ressemble aux autres disques solo de la star la plus discrète du rock’n’roll.
Toujours à l’ombre de l’imposant Pete Thowsend (présent ici sur sept titres) et du mythe des Who, Daltrey défend un blues trop classique et un rock qui ne choque plus grand monde. Il bande les muscles mais ca fait un peu gonflette.
Devenu sourd, pro Brexit, atteint de la méningite, son disque a des allures d’adieux héroïques. Mais on est quand même pas franchement emballé par sa musique, trop sage, standardisé, qui rappelle de temps en temps Rod Stewart, pape du mauvais gout dans le monde du Rock’n’roll.
Le héros est fatigué. On n’oubliera pas ce qu’il a fait. On oubliera juste son crépuscule créatif.
Republic – 2018