La rencontre entre le jazzman Ibrahim Maalouf et le rappeur Oxmo Puccino aurait dû donner quelque chose d’urbain. Le deux hommes, sensibles à la poésie et peu soucieux de coller aux modes, préfèrent s’échapper dans le pays d’Alice…
Pour Noël, les deux musiciens nous font un cadeau : il revisite le célèbre conte de Lewis Caroll. Toutes les qualités de chacun se retrouvent dans cette succession de scènes classiques et d’idées révolutionnaires.
Ils ne font rien comme tout le monde : même avec un orchestre et un chœur, ils ne peuvent pas s’empêcher de manipuler les styles et bricoler une musique protéiforme basée ici sur une musique classique onirique et lyrique. Il faudra attendre plusieurs minutes avant d’entendre la trompette orientale de Maalouf et quelques beats qui font secouer la tête.
Maalouf et Puccino revisitent donc à leur manière le célèbre conte, raconté si souvent. Il apporte toute l’ambiguïté du texte, entre rêverie et cauchemar. Les mots sont plus secs (la chenille devient une étrange dealer) mais révèlent l’inquiétude qui se cache derrière le texte de Caroll. Le résultat est baroque et bien barré.
Tout cela est mis en scène avec une vraie ampleur. Ca ne fait pas dans la demi-mesure mais c’est assez étonnant pour être signalé. Maalouf embrasse la musique classique comme un compositeur de musique de film. Quelques instruments sont les acteurs qui se fondent dans la bande son. Intrigant, ce disque pourrait plaire aux petits comme aux grands. C’est en tout cas, un disque qui sort de l’ordinaire et nous venge des titres niaiseux qui peuvent poursuivre nos enfants !
M’ister – 2014