Cela a beau se situer en Alaska, le nouveau film de Jeremy Saulnier est très très très noir. Et intense.
Russell Core est au bout du rouleau. Ecrivain spécialiste des loups, il débarque au fin fond de la morne Alaska pour rencontrer une jeune femme endeuillée par la mort de son fils. Tué par un loup. L’ambiance est pesante mais le vieux romancier tente de commencer une enquête même si tout le monde agit bizarrement autour de lui depuis son arrivée dans le grand Nord.
A des milliers de kilomètres de là, le père de l’enfant est sergen en Irak. Après une blessure, il doit rentrer au pays mais il n’est plus tout à fait le même. Et sa présence va envenimer les choses assez rapidement.
C’est le moins que l’on puisse dire car les révélations vont bon train dans ce thriller bien plus que sombre, pas loin de la dépression totale. Sam Peckimpah aurait apprécié: l’âme humaine n’est qu’une grosse poubelle d’angoisses et de violences. La folie hante chacun des personnages.
Remarqué pour ces deux films déjà violents, Blue Ruin et Green Room, Jeremy Saulnier confirme qu’il est un sérieux faiseur de polars bien glauques et qu’il veut clairement nous rentrer dedans. Une intention finalement honorable. Car son film nous secoue dans tous les sens.
Il commence par un faux rythme puis nous détourne de tout espoir pour nous faire plonger dans un marasme psychologique, social et intellectuel. Le titre indique bien qu’il n’y a plus d’espoir dans ce coin reculé de l’Alaska. Mais on pensait pas à ce point.
Les poussées de violence sont spectaculaires mais la dignité des quelques héros est remarquable tout comme le magnétisme du mal incarné par un Alexander Skarsgard, absolument fabuleux, mais ca, on l’avait déjà remarqué.
Petite pépite noire, Aucun homme Ni Dieu est peut être le film qu’il faut absolument voir ce mois ci… avant de rentrer dans la saison froide!
Avec Jeffrey Wright, Alexander Skarsgard, James Badge Dale et Riley Keough – Netflix – 2018