Un petit « frères Coen » reste toujours un moment de cinéma. Rétro et sympa.
Il ne faut pas chercher de grandes exaltations existentielles dans Ave César. Il ne faut pas espérer une réflexion profonde sur le cinéma, l’art qui a fait d’Ethan et Joel Coen, des grands maîtres respectés par tous. Il faut juste envisager un petit spectacle, vaguement policier et volontairement outrancier. Bienvenue à Hollywood !
Durant l’âge d’or du cinéma ! Eddie Mannix (épatant Josh Brolin) dirige les studios Capitole et ses journées sont folles. Un bourreau de travail qui doit gérer mille choses en quelques coups de téléphone ou quelques coups de poing. Il est détective, manager et producteur.
Il doit soigner l’ego des stars à la ramasse. Il fait le ménage parmi les journalistes qui veulent des ragots. Il calme les ardeurs des auteurs en manque de reconnaissance. Il ménage les questions religieuses. Il est partout dans son studio à éteindre le moindre incendie. Il bosse comme un fou dans une industrie malade.
Car à Hollywood, tout est exacerbé. Les amours comme les convictions politiques. Mannix doit en plus des affaires (excentriques et) courantes, gérer le kidnapping de Baird Whitlock, héros d’un péplum sur la vie du Christ.
Les Coen aiment les personnages grotesques. Ici, ils sont croqués avec un amour non dissimulé. Les acteurs se régalent et nous aussi. Clooney, Tatum, Fiennes et tous les autres se vautrent dans le ridicule avec un aplomb charmant.
D’autant que le style rétro va bien aux frangins. Il l’avait prouvé avec le mésestimé Le Grand Saut. Leur satire a du style et jamais de méchanceté ou d’aigreur. C’est du burlesque où tout se joue dans les détails. On pense d’ailleurs à 1941 de Steven Spielberg, autre parodie aimante, célébrant tout de même le rêve hollywoodien, entre clairvoyance et ricanements.
Avec Josh Brolin, Alden Ehrenreich, Joseph Fiennes, Scarlett Johansson – Universal – 17 février 2016 – 1h40