Jacques Tardi au dessin! Le Studio Ghibli comme influence! Avril et le Monde Truqué a de quoi séduire. Hélas, la mécanique n’est pas si finement huilée!?
Il y a quelque chose qui cloche dans ce dessin animé ambitieux. Produit entre la Belgique et la France, ce long métrage d’animation impressionne par sa conviction, son originalité et ses références. le film est un pur plaisir d’uchronie.
Vous savez cette drôle de science qui consiste à imaginer un autre Monde avec une autre Histoire. Dans ce cas là, imaginons un monde qui serait toujours au charbon et la vapeur. Les grandes révolutions industrielles du 19e Siècle, on les envoie aux oubliettes. La Belle époque est finalement assez moche. Les arbres ont disparu. La suie est partout dans les rues de la capitale. Il faut prendre un périphérique pour aller à Berlin en 82 heures. Un monde pas très joyeux.
Tout cela à cause de Napoléon 3, mort lors d’une expérience scientifique pour le moins déroutante. En tout cas, les savants disparaissent depuis, les uns après les autres. La famille Franklin, scientifiques de père en fille, n’est pas épargnée. La petite Avril voit ses parents agresser par la police et des événements plus étranges.
Abandonnée, elle tente de retrouver son grand père mais aussi une formule qui permettrait aux hommes de devenir invulnérables… évidemment cela aiguise les appétits de plusieurs machiavéliques personnages. Et c’est parti pour une course poursuite dans un Paris des années 30, fantasmé qui rappelle les délires mécaniques du grand Miyazaki ou les folies à vapeur de Steamboy, chef d’oeuvre mésestimé de Katsuhiro Otomo.
Mais le Japon ne reste qu’une référence car tout le graphisme est basé sur les oeuvres de Jacques Tardi. Le film est un magnifique hommage, en oubliant d’être un récit passionnant. On décroche à plusieurs moments même si le dessin reste une vraie réussite. On retrouve tout le charme de l’auteur des aventures d’Adèle Blanc-sec.
Le coté rétro fonctionne à plein régime. Les rues de Paris se visitent avec gourmandise. Le film se sert parfaitement du talent de l’artiste. Hélas, le scénario peine à convaincre, se fourvoyant vers un final écolo un poil ridicule. On voudrait rêver mais on finit par un peu somnoler. C’est dommage car une fois encore, c’est un film d’animation qui ose, s’invente en permanence et propose de la nouveauté.