Ça arrive de ne pas savoir si c’est bien ou si c’est trop dur pour nos oreilles. Tout va vite dans nos sociétés accros à la news et aux fake news, et on oublie parfois que l’on a du temps. Pour faire un choix. Pour avoir une opinion. Que ce temps peut être plus ou moins long.
Voici donc trois albums sur lesquels la sentence n’est pas tranchée. Il y a du bon et des irritants dans chacun de ces albums. On y trouve des choses formidables puis on s’interroge sur certains choix artistiques.
C’est le cas de l’album de Bartees Strange, un musicien américain né en Angleterre, qui vit bel et bien dans son temps mais semble avoir une passion sans commune mesure pour la six cordes. C’est cette différence qui fait l’élan certain de son second disque, Farm to Table.
La trentaine, il met du rock dans du R&B et semble s’en régaler. La voix est étrange, entre un crooner moderne et un vieux singer de soft rock. Le résultat ressemble bel et bien à un patchwork musical, avec un pied dans la pop débridée et l’autre dans l’efficacité yankee: tout cela ressemble à l’image de la pochette de son album.
Cela donne un résultat assez baroque et assez surprenant. La guitare soutient la plupart des efforts du musicien. Il colle les styles et les envies. Pour le coup, cela donne un album plus que vivant mais déconcertant car faisant le yoyo entre les genres. Le jeune homme a de temps en temps plus de déférence pour un son qu’un autre. Ça monte et ça descend. C’est assez spectaculaire mais n’est ce pas un pot de paillettes lancé à notre face pour combler les lacunes. On verra. En attendant, il y a de très bonnes choses chez ce chanteur bien dans son époque !
Charley Crockett rêve de vivre sûrement dans un ranch et dans sa tête, il y a effectivement bien souvent l’air de ce fameux Davy qui résonne. Il défend une country d’un autre temps. Le rêve américain avec cette douce innocence narrative et des refrains totalement rétro.
The Man from Waco est donc un véritable disque de cowboy. C’est résolument old school. On se promène entre le grand canyon et les grandes plaines. Ça ne brille pas par son originalité mais il y a de l’authenticité dans ce disque qui apprécie finalement, l’esprit poussiéreux mais classique.
Les fantômes des plus grands cowboys planent sur des compositions qui fleurent bon le voyage dans le sud des États-Unis. Le chanteur, très prolifique, rend hommage à ses ancêtres et d’illustres songwriters qui ont fabriqué les mythes américains. Comme dans un vieux western, on trouve les couleurs délavées, le rythme un peu passé mais le charme continue d’opérer.
Il y a aussi énormément de qualités chez Boogie Belgique, double d’Anvers de Caravan Palace ou d’autres adeptes du swing électronique. Machine, leur dernier ouvrage, vous donnera l’envie de danser et de remuer du popotin dans d’excellentes conditions mélodiques.
La Belgique est un phare lumineux en matière de rock et cela se précise sur l’electro avec ce groupe qui groove sacrément bien et vous donnera des palpitations et des cloques sous les pieds !
Les musiciens ont visiblement tout potassé : c’est irréprochable et c’est finalement cela qui sème le doute. On dirait que c’est une intelligence artificielle qui imagine les chansons. Pas de faute. Pas de temps mort. Pas d’erreur. La perfection finit par se faire remarquer. Boogie Belgique en 10 ans est devenu une vraie machine de guerre. On fait peut être la fine bouche mais la démonstration est telle que l’on oublie peut être l’émotion.
Mais il ne faut pas hésiter à revenir vers ces disques qui ne laissent pas indifférents. L’indifférence, la plus désastreuse de sensations dans la musique!