Depuis que ce nom, Sangatte est apparu dans l’actualité voilà 6 ou 7 ans, je ne peux m’empêcher de penser que le destin a gratifié les immigrants, comme destination, d’un lieu dont le nom raisonne comme une blague franglaise de mauvais goût.
En effet, si vous écrivez « sans gate » et que le deuxième mot est anglais, vous penserez comme moi qu’effectivement, la porte de l’Angleterre n’est pas ouverte pour tout le monde….
Le sujet s’est à nouveau invité dans l’actualité le maire français allant plaider l’aide de l’Angleterre outre-manche et s’est entendu dire que le prblème était franco-françis et qu’en aucun cas la perfide Albion ne l’aiderait. Une fois de plus la façon dont l’Angleterre se fait une idée de l’Europe.
En parallèle, le film « Samba » met aussi en lumière le phénomène de l’immigration contemporaine. Magistralement interprété par Omar Sy et Charlotte Gainsbourg, Toledano et Nakache donnent à réfléchir sur ces hommes qui vivent à côté de nous dans une réalité différente faite de peur et d’espoir, souvent déçu
Aurélien Ducoudray, reporter photographe s’adjoint les services de l’excellent Jeff Pourquié pour dépeindre, au travers des 2 tomes de Békame (2 albums de 94 pages, aux éditions Futuropolis) cette même réalité des gens partis du monde enier espérant trouver en Europe l’El Dorado.
Ducoudray décrit le destin de 2 frères qui se voient séparer dans une ville du Pas-de-Calais (qui n’a pas de nom…). On suit le destin du cadet qui lors de son dernier transport avant l’Angleterre, répétait de l’anglais dans un Walkman tout en contemplant une image du célèbre joueur de foot britannique. Le nom de celui-ci est donc retranscrit phonétiquement et donne le titre à ces 2 albums.
Grâce aux 2 frères, Ducoudray décrit tous les aspects de l’immigration, les passeurs, les combines, les astuces. Comme dans d’autres misères, certaines victimes devienent encore pires que les bourreaux, les moyens de s’en sortir ne sont pas toujours très propres.
Pourquié est moins fougueux dans son dessin que dans les extraordinaires albums commis avec le concours de Pécherot chez Castreman voilà quelques années. On se souvient de « Vague à lame » ou « Des méduses dans la tête » « Ciao Pékin ». Rien à jeter dans ces 3 albums, que du bonheur avec toujours un arrière fond engagé et intelligent.
Le style s’est assagi mais il reste nerveux et personnel, s’adaptant parfaitement au propos. Comme dans Samba, les auteurs restent optimistes et d’une grande humanité. Leur point de vue est équilibré, jamais larmoyant. De la grande BD! Un bonheur.