On n’attaque pas le physique mais tout de même: John Moreland n’aurait pas fait tache dans film de John Boorman, Delivrance. Un bon gros redneck qui entretient son look de plouc de l’Oklahoma. Pourtant John Moreland est un super chanteur de blues. Une révélation!
Il aime le blues. Le vrai. Celui qui se roule dans la poussière du sud des Etats Unis et les déceptions de l’existence. Il parle de la vie courante. Il s’inspire de ses amis. Il observe la dureté de la vie. John Moreland transcende tout cela avec sa guitare et sa vision un peu dépressive du blues. Il pourrait sans aucun problème être le fils spirituel de John Mellencamp.
L’Amérique d’en bas, voilà donc l’éternel sujet du blues et de ces chansons tristes où il y a une lueur d’espoir dans les riffs glissants de ce binoclard incroyable. Car son disque réserve de belles mélodies et une voix qui hante votre mémoire au bout de quelques minutes.
Cette année, il y a quelques très bonnes surprises dans le blues, genre un peu trop cadenassé et John Moreland confirme ce regain de forme et ce nouvel intérêt des jeunes pour les rythmes primaires. Moreland aime la tradition mais il amène des nuances rares.
Big Bad Luv peut être l’album idéal pour un roadtrip. La magie de sa guitare nous transporte. Sa mélancolie ne manque pas d’énergie. On s’excuse rapidement d’avoir vu un gros barbu pour rencontrer un artiste sensible, assez fascinant. En fin de compte, le grand méchant amour nous frappe: on adore ce gars!
4AD – 2017