Voilà quelques jours je lisais dans ce blog une chronique évoquant la pièce de Pascal Quignard: Pricesse vieille reine. Les propos de Quignard me sont revenus à l’esprit en lisant « Bouffon », le récit de Porcel et Zidrou. Quignard disait en substance que les contes sont éternels, qu’ils parlent à toutes les générations et à toutes les populations.
C’est bien ce que font Zidrou et Porcel dans ce récit médiéval à contre courant de ce qui se fait aujourd’hui. On est loin des gros héros musclés, armés d’épée ou de hache capable de décapiter une armée en un seul coup.
C’est la vie d’un oublié, d’un misérable qui plus est d’un homme déformé que nous content les auteurs.
Glaviot, tel est le nom dont il est affublé est né dans une prison. Sa mère, condamnée a été violée à de nombreuses reprises par les geoliers. De ces sévices naitra un enfant dont le visage n’est qu’à moitié fini. Le gardien de la prison, voyant que même son chien n’en veut pas comme diner, recueille l’enfant pour en faire son esclave.
Glaviot découvre la vie au fond de la prison, élevé par quelques prisonniers en quête de compagnie et maltraité par son gardien. Il grandit ainsi apprend à parler et imagine un monde qu’il ne connait pas. Et puis un jour, le chatelain se rend dans sa prison pour voir un détenu. Il croise Glaviot et décide d’en faire la nouvelle distraction de sa fille qui vient de perdre un animal de compagnie.
Le destin de Glaviot s’en trouve totalement bouleversé, remontant à la surface, au-delà de quitter l’air vissié, il découvre la beauté.Mais il fera plus que d’être le simple bouffon de la jeune princesse. Il sera amené à faire de grandes choses. Pourtant comme son visage, sa vie ne pourra être complète, il lui manquera toujours l’amour.
Le dessin de Porcel quoique classique et sans grande originalité se prête bien au récit de Zidrou. Celui-ci est au mieux de sa forme. Il représente avec Lupano l’un des meilleurs conteurs d’histoire du moment (et depuis quelques années maintenant). Un beau récit très humain qui nous laisse à réfléchir sur la notion de beauté et notre capacité à voir au-delà des apparences.
Bouffon – Dargaud – 64 pages