Même si en 1968 l’homme n’était pas bien vieux, même si sa carrière n’en était qu’à ses premiers pas, traduire « BOWIE at the BEEB » par « Bowie au biberon » serait un faux sens. The BEEB, en Angleterre, c’est simplement le gentil surnom attribué à la BBC, la radio…
Car à l’époque, les artistes anglais se produisaient à la BBC, en direct, dans des émissions comme « John Peel in Top Gear », « The sunday show » ou « Sounds of the 70’s ». Et, thank’s God, les bandes ont été conservées, témoignages inestimables de la richissime et magique période pop-rock !
Ici, on retrouve tout d’abord, le 13 mai 1968, un jeune homme de 21 ans, fraîchement débaptisé Jones pour Bowie, qui entre dans le métier par la porte de la variété proprette, légèrement démodée.
Et pourtant, si on approfondit l’écoute, on identifie déjà dans une intonation, un timbre, une mélodie, les fondamentaux qui feront bientôt sa gloire et notre plaisir.
Tout le premier disque pourrait être sous-titré « la génèse » (ou « les préliminaires »).
On sent, au fil des séances (entre mai 68 et juin 71) se mettre en place la voix, le style, le groupe, le son. Tony Visconti – futur producteur des albums de légende – est déjà là, à la basse. Puis Mick Ronson – guitariste mythique des « Spiders from Mars »- fait son apparition à la guitare. Quelques morceaux destinés aux tout proches chefs-d’œuvre (la mythique série « The man who sold the World »-« Hunky Dory »-Ziggy Stardust »-« Aladdin Sane ») sont livrés ici, en avant-première et c’est vraiment très excitant à écouter.
Attaquons maintenant le deuxième disque, que je sous-titrerai « l’envol » (ou … je sais pas, moi, qu’est qu’il y a normalement après les préliminaires ?…)
Entre septembre 71 et mai 72, la BBC peut se vanter d’avoir accueilli sur ses ondes plusieurs performances historiques, versions extrêmement enthousiasmantes du gratin des albums ci-dessus , avec en prime deux reprises de Lou Reed/Velvet Underground pas piquées des hannetons. C’est vraiment fabuleux. C’est vraiment Bowie, en pleine forme, avec son meilleur groupe, sa meilleure inspiration, ses meilleurs morceaux. Ah là là, quel pied mes amis ! Incontournable pour les fans, révélateur pour les amateurs, initiatique pour les néophytes, ce CD2 emporte tout le monde au Nirvana !
On recommande chaudement à qui souhaite découvrir Bowie d’aller téter de ce BEEB là plutôt que de ces médiocres compilations sans queue ni tête proposées par ailleurs : la découverte pédagogique sera dix fois meilleure, le plaisir dix fois plus grand. Et pour longtemps.
EMI – 2000