Un mélange entre Mosquito Coast, vieux film de Peter Weir des années 80 et Little Miss Sunshine, comédie branché à succès, il fallait oser!
Et en plus ca fonctionne. Il y a tout ici du film indépendant. Y compris la vantardise et un certain cynisme. On pourrait tirer à boulets rouges sur la production du film, qui en fait parfois trop, avec des costumes loufoques ou une envie trop prononcée de secouer le bourgeois, ou plus simplement les habitudes des spectateurs.
Matt Ross a tout du petit filou arty californien. Il s’y connait en images et en musiques. Il sait comment appâter le bobo en mal de sujets profonds et « tendance ». Il y a donc de grands espaces américains. La nature est foisonnante. Les autoroutes sont de belles lignes dérisoires, symboles de l’american way of life qui ne rime plus à grand chose.
Au milieu de tout cela, il y a la famille de Ben. Un père qui éduque ses enfant à la dure. Ils vivent en pleine nature. C’est la vie sauvage. Quand son épouse meurt, il n’est pas le bienvenu à ses funérailles. Il décide pourtant de retrouver la vraie vie pour assister à l’enterrement de sa femme avec ses six enfants.
Fable et satire, Captain Fantastic fait donc un constat doux amer de nos différences et de l’éducation. Dans le fond, rien de nouveau. L’Amérique est intéressante quand elle est dysfonctionnelle et c’est le cas dans Captain Fantastic, où un homme, contre tous, assume ses choix qui détermineront ses enfants.
Heureusement pour Matt Ross, il a choisi des gamins touchants et un acteur formidable, Viggo Mortensen. Peter Jackson a vraiment eu du nez lorsqu’il a embauché ce comédien de seconde zone pour jouer dans Le Seigneur des Anneaux. Il n’était même pas son premier choix. Depuis, il a impressionné dans d’autres rôles (merci Cronenberg) et il vieillit vraiment bien. Il prouve ici qu’il est vraiment un grand acteur américain. Buriné, intense et d’une subtilité rare.
En l’opposant au remarquable Franck Langella, Matt Ross ne pouvait pas se tromper. En tout cas, c’est bel et bien le casting qui nous attendrit et nous évoque de fort belle manière l’importance du rêve et de l’anticonformisme. On a vite oublié les défauts de production et on restera marquer par cette figure de père, ordinaire et hors du commun en même temps. Le papa poule idéal
Avec Viggo Mortensen, Franck Langella, George McKay et Samantha Isler – Mars film – 12 octobre 2016 – 1h55