Film prêt à l’analyse, Casa Grande nous fait de grandes théories sur la lutte des classes au Brésil. On fait rapidement le tour du propriétaire sans conviction.
Fellipe Barbosa, le réalisateur de Casa Grande veut mettre en avant le malaise social qui ronge le Brésil, converti au capitalisme depuis quelques années et qui connait actuellement une crise dénoncée par les masses laborieuses. Les riches sont bien évidemment devenus plus riches et les pauvres s’entassent dans des favelas qu’on ne veut plus voir.
La société va mal. Pour nous expliquer cela, le réalisateur observe une famille dans sa belle et grande maison dans la banlieue riche de Rio. Jean a dix sept ans. On lui demande de penser à son avenir mais ce qui l’intéresse surtout ce sont les filles. Il ne voit pas les mille et une combines de son père pour se dépêtrer d’une affaire mal partie de fond d’investissement.
Avec sa femme, ils sauvent les apparences. Leurs employés vont trinquer. Le manque d’argent va dérégler la petite vie irréprochable de la famille et Jean va devoir faire de choix dans sa vie, plus profonds qu’ils n’y paraissent. Les riches s’étouffent dans leurs emprunts toxiques. Les pauvres savent encore apprécier une bonne soirée autour d’un peu de musique. Les jeunes vont devoir choisir pour l’avenir de leur pays, sclérosé par le racisme, les préjugés et la méconnaissance de son voisin.
La maison est effectivement terrifiante par sa grandeur et son système de sécurité. Elle est le symbole d’un pays qui refuse de voir le problème entre les classes. Dès le premier plan, fixe et long, on a bien compris la démonstration qui hélas va s’étirer sur deux heures. Le récit initiatique du jeune homme a du mal à exister face aux idées révoltés du cinéaste qui possède tout de même un sens de la mise en scène assez admirable.
Mais tout est dit dans les premières minutes. Ensuite, le discours devient un peu trop manichéen. C’est avec une rouleau compresseur lent et destructeur que rentre le cinéaste dans la maison de cette famille « bien sous tout rapport ». On est bel et bien enfermé dans la lutte des classes. Le film manque alors d’un peu de chaleur, d’attache pour les personnages, pour nous convaincre. N’est pas Ken Loach qui veut!
Avec Thales Cavalcanti, Marcello Novaes, Suzana Pires et Clarissa Pinheiro – Damned distribution – 3 juin 2015 – 1h54