Littérature étrangère, Livres, Roman

Ce qui nous tue, Tom McAllister, 10/18

Pour mon plus grand plaisir, le hasard a mis sur mon chemin Ce qui nous tue de Tom McAllister. Je n’avais jamais entendu parlé ni de cet auteur, ni de ce livre au titre bizarrement traduit puisqu’il s’intitule en anglais How to be safe (qu’on pourrait traduire par Comment s’en sortir). Un livre de 2021 qui reste terriblement d’actualité et qui aurait mérité un grand succès.

Toute la ville de Seldom Falls, petite bourgade de Pennsylvanie autoproclamée « LA VILLE LA PLUS AIMABLE D’AMERIQUE » (page 25) est sous le choc après qu’une tuerie de masse a lieu au lycée. Professeure récemment renvoyée du lycée car trop peu conventionnelle, Anna Crawford, voit les forces spéciales débarquer chez elle et la ranger au titre des suspects potentiels.

Avec son humour noir, la narratrice un brin parano dénonce le cynisme des politiques qui déclarent la guerre aux armes (sic) et utilisent la tragédie à leur avantage.

« Les politiciens adoraient les petites villes. Ils croyaient qu’on passait notre temps à manger de la tarte aux pommes et à agiter de petits drapeaux à l’église. Ils n’aimaient pas penser au fait que tout le monde prenait des opiacés, avait un boulot ingrat et vivait constamment dans la peur. Leur amour pour une vision idéalisée de l’Amérique profonde était pervers. Tandis qu’on mourait, ils s’enrichissaient sur notre dos en nous félicitant pour notre résilience. Ils s’arrêtaient pour boire une bière avec un gars du coin. Ils promettaient que, la prochaine fois qu’ils viendraient, ils apporteraient la prospérité. » (page 129)

Bien que rapidement innocentée, Anna est toujours harcelée par des chaines d’info qui surfent sur le sensationnalisme. « L’appétit des médias (…) était insatiable. Ils avaient besoin d’images de mort pour rester en vie ». (page 196).

Au gré de ce roman assez court et terriblement percutant, Tom McAllister évoque la difficulté qu’il doit y avoir à vivre dans l’Amérique profonde lorsqu’on n’est pas un homme blanc viril, pro-life et pro-armes.
J’ai beaucoup ri en lisant ce livre tant le regard de la narratrice est féroce, drôle et acerbe. Le virilisme – et la violence qu’il véhicule – en prend pour son grade. Savoureux !

Paru en poche le 18 février 2021
chez 10/18 Littérature étrangère
traduction Anne Le Bot
237 pages | 8€

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