C’est une performance d’acteur. Pascal Demolon, second rôle à l’œil pétillant, se livre pendant une heure quarante à un exercice de haute voltige. Il interprète plusieurs personnages. Il parle avec une chaise. Il devient une mobylette. Il fait passer des émotions à travers des esquisses de personnages pathétiques.
C’est un seul en scène qui ne veut pas se laisser aller à la facilité. Pascal Demolon grimace, éructe ou crache mais pourtant, l’histoire qu’il nous conte va se révéler au fil des minutes beaucoup plus nuancée.
Toto est un drôle de gugusse qui s’ennuie dans son petit village. Il a des copains bizarres et craque pour Florence. Cette dernière sera retrouvée morte : il sera le suspect idéal. Mais le simplet va tout de même enquêter sur cette tragique disparition.
On fonce dans un univers rural et pourtant marginal. Pascal Demolon convoque Les Valseuses ou Les Démons de Jésus, deux films sur les décalés, les simplets ou les loubards. La pièce est une adaptation d’un roman de Julie Estève qui observe un petit microcosme bien sombre et toxique.
Alors Pascal Demolon passe de la dérision et l’humour à la sidération et l’émotion tranchée. Pas toujours facile de suivre le fil de son triste héros, mais il parvient à tendre un suspense qui s’éparpille puis se recompose soudainement. Comme son héros, il tente un jeu avec le spectateur.
Ça marche. On est parfois pris au dépourvu. On a tout à fait le droit d’être déconcerté. Mais cette drôle d’enquête remue. Il faut digérer mais la performance du comédien, cette digestion de personnages meurtris et cette énergie sur scène… non, cette pièce est un peu plus qu’une performance d’acteur. Un souvenir qui se médite. C’est pas mal déjà !
Jusqu’au 1er Juillet 2023
Théâtre de l’œuvre
D’après Julie Estève , mis en scène par Pascal Demolon et Bertrand Degremont