Cinéma

Cold War

La Pologne d’après guerre. Un amour impossible. Un noir et blanc rayonnant. Un sombre destin. Cold War est un mélo de poche, subtile et magnifique!

Pawel Pawlikowski sait faire des films en noir et blanc. Avec un cadre d’image presque carré, il veut faire la différence et la cultiver. Cela a très bien fonctionné avec Ida et il confirme tout son talent avec Cold War. On est saisi par la simplicité et la beauté de ses images dans un noir et blanc d’une subtilité rare.

Le choix esthétique lui permet des raccourcis narratifs énormes. La grande qualité de son cinéma c’est de ne pas expliquer ou de démontrer. Son illustration d’une romance interdite est concise et très réfléchie. Certains trouveront cela douteux.

On a le droit de s’enthousiasmer devant un type qui fait les choses autrement! Le mélo selon Pawel Pawlikowski passe sous la barre de l’heure et demi tout en profitant au maximum de l’économie de moyens. Pourtant nous allons passer une quinzaine d’années dans les bras de Wiktor et Zula, deux amants pris dans les tourments de l’Histoire.

Il doit monter une école de musique en Pologne, juste après la guerre. Sur des ruines, il réussit à monter une troupe, qui finit par intéresser le monde politique. Wiktor n’en a que faire de la gloire de Staline. Il a un rêve de liberté. Jouer du jazz à Paris. Il veut le partager avec une de ses élèves, l’impétueuse et ravissante Zula…

Les deux personnages vont s’aimer et se haïr. Les regards, les positions, les gestes ont leur importance. Le noir et blanc magnifie tout cela. Le Paris Bohème rassure à coté d’un Berlin marqué par la déchirure et la violence ou la boue de la campagne polonaise.

Pawel Pawlikowski pourrait tomber dans le cliché mais sa mise en scène nous permet d’envisager le mélo sous une autre forme, cherchant une poésie dans chacun de ses plans. Le réalisme tombe comme nos amoureux pris dans une guerre froide plus cruelle que toute relation amoureuse.

Epuré, le mélo devient innovant. Chaque image se gorge d’émotions et de subtilités incroyables. Tragédie, Cold War est un vrai petit moment de cinéma, mélancolique et stimulant!

avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Agata Kulesza et Jeanne Balibar – diaphana – 24 octobre 2018 – 1h27

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