Bon alors comment vont nos vieux ? En ce moment les syndicats et les patrons se creusent la tête pour savoir ce que l’on va faire de nos vieux employés qui, à 50 ans, seraient un problème social ou des boulets de l’entreprise.
Nous aussi, dans les pages musicales de ce site, on se fait du souci pour nos vieux. On se demande comment ils vont et, surtout, certains groupes devraient-ils vraiment continuer à nous offrir des disques plus ou moins inspirés ? Est ce que c’est beau de vieillir quand on est un rockeur ?
C’est toujours le trouble que proposent de vieilles stars sur le retour qui ont tout connu, de la gloire aux pires excès. Un nouvel album de Libertines nous inquiète toujours un peu. Après toutes les folies de Carl Barat et Pete Doherty, est-ce que l’osmose des débuts va réapparaître ?
Run Run Run montre en tout cas que le groupe a visiblement envie d’en découdre. Ce que confirme le second titre, Mustangs qui finit même par un rire. The Libertines semble être en forme. Et cela continue par le tonitruant I have a Friend.
Puis cela se calme. Les gaillards sont plus sages et le titre de l’album prend enfin son sens : All quiet on the Eastern Esplanade. Quand Pete Doherty prend les rennes, le style se fait plus doux. Quand Barat branche sa guitare, c’est pour réveiller l’auditeur dans une joyeuse ambiance presque adolescente. Cela fabrique une ambiance étrange où le groupe lance tout dans la bataille. Le disque est inégal mais laisse à penser que le groupe a encore des choses à dire. On est vraiment content de les retrouver.
Ce qui est certain avec Vampire Weekend, c’est que le groupe continue de se remettre en question. Maintenant qu’ils sont installés dans l’industrie musicale, le nouvel opus donne l’impression d’être surchargé. Only God Was Above Us est un disque plein d’effets et d’arrangements spectaculaires.
Chaque morceau est assez nébuleux. La formule des débuts, assez dépouillée, proche de l’afrobeat, est devenue un savant mélange mélodique ou le chanteur Ezra Koenig ne se perd pas. C’est un disque qui en fait trop mais il le fait bien. On pense aux grosses gâteries de Brian Wilson, le leader fou des Beach Boys. C’est énorme mais c’est bien fait.
C’est une œuvre dense qu’ils proposent. Les membres du groupe n’ont pas peur des énormités et les assument avec une aisance assez rare. C’est virevoltant et entraînant. On se fait totalement avoir par l’esprit gargantuesque du projet. Effectivement, Dieu pourrait écouter ce disque tellement il semble marqué par une croyance. C’est un disque qui délire avec une grâce assez rare et il faut bien l’avouer : après tout ce succès, ils nous bluffent.
Autres vieux qui vieillissent avec une certaine élégance: Elbow. Leur dixième album donne de bonnes nouvelles de ce groupe atypique dans l’univers pop anglaise. De Manchester, ils continuent de creuser leur style, entre mélancolie élégante et recherches mélodiques.
Comme les Libertines, on les entend sur leur album Audio Vertigo, papoter, apprécier leur processus de création et ils veulent toujours en découdre. Guy Garvey, voix de ténor, ne se lasse pas des idées expérimentales de ses camarades. On est toujours surpris par leur façon de recomposer des titres si différents les uns des autres. Toujours structurés par la voix folle de Guy Garvey. Une fois encore, Audio Vertigo est une œuvre variée qui va vers des espaces inconnus. Clairement le groupe se réinvente. Si Vampire Weekend fait un peu penser à Paul Simon, Elbow rappelle l’ouverture d’esprit de Peter Gabriel. Le nouveau disque est encore un véritable voyage. C’est ce que l’on aime chez eux, ils acceptent le changement et ne s’interdisent rien. Chaque album est différent. Oui, les vieux sont une force, une voix qui nous montrent qu’il n’y a rien à craindre de vivre des expériences plus ou moins dures s’il y a quelque chose à en ressortir.
The libertines – All quiert in a eastern esplanade
Vampire Weekend – Only God was Above Us
Elbow – Audio Vertigo