Matthieu Boré était au New Morning. Crooning et swing au programme. L’art de faire danser les notes.
Salle bondée au New Morning. Matthieu Boré est entouré de Stephen Harrison à la contrebasse, de Guillaume Nouaux à la batterie, de Guy Bonne à la clarinette et au sax tenor. Seront invités Ferruccio Spinetti à la contrebasse et Jean Marc Labbé au sax.
Costume blanc et pompes blanches, Matthieu est au piano. Dès le départ Boré donne le LA de la soirée, une musique jazz directement inspirée des années 50. Entre swing et rock’n’roll, Matthieu insuffle dans ses mélodies toute sa jeunesse et toute sa tonicité pour un charme évident. Entre la douceur d’Elvis et la vivacité d’un Cab Calloway qui se cacherait derrière le piano mais plus pour très longtemps…
Les musiciens s’amusent beaucoup sur scène et on aimerait s’amuser davantage dans la salle. Les culs frétillent rapidement sur les chaises trop serrées du New Morning. Les genoux font la pompe. On a simplement envie de tout envoyer valdinguer pour saisir sa partenaire de gauche et enchainer des pas de danses endiablés, comme au temps fort du Caveau de la Huchette.
Stephen Harrison, le contre bassiste, lui, s’éclate. Costume trois pièces cravate, coupe de cheveux gominée et houpette de circonstance, le musicien au masque neutre, jubile intérieurement et se met
de côté pour mieux taper sur sa contrebasse.
Les pales de la climatisation se mettent en route et nous voilà dans un tripot des bas-fonds Chicagoans. Les hélices tournent. Steven vient à l’avant-scène, fait faire des 360 à sa contrebasse quand il n’avance pas sa main surmontée d’un peigne noir pour remettre dans l’axe capillaire sa gomine-à-reluire. On sourit et on applaudit devant tant de comédie. Un air de bonheur.
On voyage, on pense à Louis Prima, aux danseurs de claquettes et aux autres artistes de Music-Hall montés sur scène pour nous amuser plus que pour se nombriliser. Le concert est au-delà de son dernier album Frizzante (« pétillant » en italien). Une vraie rencontre avec la fraîcheur et la créativité d’artistes présents pour être, sans esbroufe dissimulée. On joue et on assume. On fait le spectacle pour un jazz populaire qui a fait danser des cohortes de noctambules.
Matthieu oublie une grille pour le sax, qu’importe, on ajoute quelques grilles pour permettre au sax de chorusser et de partager avec le public ses moments de bonheur. Le public ne participe pas assez, on stoppe, on dialogue le sourire en coin avec le public et ça repart au piano. La voix est convaincante, les compositions de structure classique sur le fond mais modernes sur la forme et le ton utilisé. Une jolie pêche même s’il nous manque un peu de scat pour parfaire le tableau.
Boré et ses musiciens ont la classe décontractée de ceux qui préfèrent l’authenticité du jeu à l’essai d’incarnation marketé des grandes figures du jazz. Pour cette honnêteté musicale et ce swing remis talentueusement au goût du jour, on dit Bis ! A écouter et à danser …