Echappé de son formidable groupe anglais, Elbow, le chanteur Guy Garvey profite d’un premier album pour se laisser aller à ses petits plaisirs personnels. Une louable intention.
On ne doutait pas qu’il était un homme de goût. Avec sa tronche de barbu bourgeois britannique et sa voix d’une profondeur assez rare dans la pop, Guy Garvey dénote très facilement au pays des lads, de la radasse en mini jupe bourrée sous la pluie et du fish & chips arrosé de bière tiède. Avec Elbow, on touche à la noblesse de la musique anglais. Sans préjugé, le son d’Elbow est excellent.
Pourtant Guy Garvey avait besoin de s’émanciper. Comme souvent, il a l’ego un peu trop coincé dans la machine Elbow, capable en low tempo de faire bouger les foules de l’autre coté de la Manche. Comme toujours avec Elbow, le calme cache une petite tempête.
Donc le capitaine quitte le navire quelques instants pour réaliser un rêve plus personnel, sans hymne pour stade, mais toujours avec inspiration. Guy Garvey se projète donc dans des mondes différents. Il fait du jazz, du rock de crooner, de la pop et des choses encore plus « indés ».
Il se voit bien comme un disciple de Tom Waits, oscillant entre la tradition et l’expérimental. Ce qui est sûr, c’est que le plaisir est là et surtout il ne plie jamais à des conventions commerciales. C’est un disque assez éclaté. Il peut paraître foutraque, uniquement relié par la voix éraillée et souvent formidable.
Il conserve en tout cas ce pouvoir de séduction: chaloupé, le charisme du bonhomme est rassurant. On veut bien tester ses nouvelles aventures sans se faire de souci. Il transmet sa joie de toucher à autre chose. C’est un disque chaleureux, bariolé mais tellement humain. Une envie de liberté qui ne marquera pas, on espère, la fin de l’un des meilleurs groupes anglais en activité!
Polydor – 2015