J’ai vu le Visiteur Magnifique
Sur la terrasse d’un café
Au-dessus de l’embarcadère
C’était bien lui et pourtant un autre
Seul à sa table, las et distant
Tenant l’écart, il avait tout appris
Tout rejeté, sans amertume
Sans effronterie, il concevait des personnages
Pour nos chapiteaux éphémères
Trois petits tours et puis s’en vont
Où s’en vont ses extravagances
Peupler nos cerveaux de visions
Les gares et les trains et les gares
Ne te retourne point, c’est une image
Filent la poésie de cet ailleurs qui nous tenaille
Ne tiens rien pour acquit, séduis celle qui passe
Celle qui vient à ton bras gauche
Se pendre et t’entraîner là-bas
Passage de éternité te propose
Que tu ne redouteras pas
Pour le moment c’est un secret
Son regard bivalent n’est toujours pas d’ici
Attend, tais-toi, Maître de lui
Il s’est dressé, foulant nos cendres,
Il disparaît.
Gilbert Provaux