Chronique estudiantine (non vulgaire et sans fille en bikini), Dear White People parle du racisme ordinaire, avec une ironie mordante et réjouissante.
Coco veut devenir une star de la télé réalité. Troy doit assumer son père, président de la prestigieuse université de Winchester. Sam veut célébrer la contre-culture noire américaine. Kurt est apprenti journaliste, noir et homosexuel : quand on lui demande de chroniquer la vie des noirs dans l’université, c’est le début des ennuis.
Quatre étudiants noirs dans une faculté de gosses de riches ! Voilà le petit groupe hétéroclite qui va permettre de sonder le communautarisme qui hante la société américaine. On pense bien entendu à Spike Lee mais le film n’est pas un pamphlet. Le réalisateur, Justin Siemen, n’a pas de réponse mais observe avec un humour acerbe le sort de ses jeunes adultes, pris entre les clichés, l’histoire et la vie personnelle.
Avec une fausse légèreté, le réalisateur pose de bonnes questions et ne dissimule jamais son envie de faire du cinéma. C’est une fausse comédie de campus qui révèle des intentions douces amères sur la situation des étudiants noirs (mais aussi blancs) aux Etats Unis. Un portrait enlevé la génération Obama, voilà ce qu’est Dear White People !
Dans la forme, c’est du cinéma classé indépendant. En vrac, il y a des effets qui rappellent Wes Anderson et sa bande: c’est assez pop dans la forme, avec une revendication pour le cinéma européen vintage. Ca peut être agaçant mais dans un décor archi balisé comme le campus, cette façon de filmer apporte de la fraîcheur et de la nouveauté.
Premier film, Dear White People a des défauts de jeunesse mais cela reste un témoignage sincère et assez malicieux de son époque. Une satire inespérée qui surprend : on avait un peu oublié que la comédie pouvait dire des choses justes et intéressantes !
Avec Tessa Thompson, Brandon P Bell, Tyler James Williams et Dennis Haysbert – Happiness distribution – 25 mars 2015 – 1h47