Non non non de non, ne voyez pas en mon prochain exil vers d’autres terres d’autres rives pour une durée certaine et une certaine durée, qui va m’éloigner de vous un temps certain et un certain temps, une quelconque lâcheté de fuir mon pays, ma République, à l’approche d’une accélération dans nos écrans de petites phrases assassines, de petits mots assassins, de petites guerres intestines et de peur de nos républicains destins, dans le cadre, déjà bien dépassé dans les marges de cette foutue campagne présidentielles 2017.
Oui, je pars, mais oui je reviendrai, et oui je vais voter, je ne vous dirai pas pour qui, j’ai comme une envie d’être un peu peinard et que l’on évite de me traiter de je ne sais quel nom, bien planqué derrière un écran, du fait de soutenir tel ou tel projet, ou tel ou tel futur Président, oui, je le mets au masculin, ce qui vous enlèvera d’un doute sur ma capacité à aller voter pour un extrême, je doute assez peu que vous en doutiez vous-même, en fait.
Néanmoins, oui, s’il est certain que moi, je vais me gaver de shootings photographiques sur les rives de Brooklyn ou sur les bords du Saint-Laurent, qui laisseront peu de temps pour mater Fox News ou l’équivalent de Motus sur les télés ricaines, oui, vous, vous allez en bouffer des débats, des blablas et des gnagnagnas.
Mais, mes chers amis, mes chers lecteurs, mes chers petits poussins, mes chers ennemis, oui mes ennemis car je sais qu’il vous arrive à vous aussi de lire mes chroniques, comme certains frontistes de bas étages vont polluer de leurs « vive Marine » un peu comme en son temps des tout aussi courts « Heil Hitler », les pages Facebook de Macron, Fillon ou Mélenchon, voire d’autres (si si si j’en ai lu ), ils sont actifs les porcins, cela n’enlèvera pas le fait que nous aurons tous, cette chance, oui, cette chance, de nous exprimer, tous, même les plus fous, même les tordus, mêmes les plus cons, mêmes les moins zens, même les haineux, même les respectueux, oui, nous avons, cette chance.
Alors à l’heure à la bonne heure la belle affaire, que nombre d’entre vous ne sont pas encore décidés sur le choix du bulletin à insérer dans l’urne, à la lueur inquiétante que nombre d’entre vous, faute de vaillance, faute d’envies, faute de passion, seront tentés de ne pas se rendre dans l’isoloir, en quelques raisons plutôt qu’en une, bien moins qu’en cent, pour éviter tout bain de sang, voilà 10 (bonnes ?) raisons, d’aller voter.
- Parce qu’avoir une Trump en fille en encore plus conne, en encore plus dégradante pour l’image de notre pays, à la tête de celui-ci, c’est assurer à ton beau-frère restaurateur de ne plus avoir, du moins beaucoup moins, de touristes pour manger sa blanquette, à ta belle-sœur réceptionniste dans un hôtel de côte d’azur d’avoir huit fois moins de fois à dire « goodmorning » à d’autres étrangers tous les matins qui iront voir ailleurs, à ton beau-père viticulteur de vendre ses vins en Franc à quatre fois moins cher et non plus en euro à des chinois ou à des allemands ou à des belges ou à des japonais. Bah oui mon pote.
- Parce que t’en as soupé jusqu’à puis plus faim de Pénélope, de Canard déchainé, de costard offert, de mise en examen sans examen, et que si t’as trouvé ça dégueulasse et bien t’iras voter pour quelqu’un d’autres mais que finalement tu aimes le mec, malgré tout, oui, malgré tout, et bien au moins tu défendras tes convictions, qui, malgré tout, resteront républicaines.
- Parce que t’as été Charlie comme bien d’autres, parce que t’as été JesuisParis, t’as été Bataclan, t’as été dans le sang froid, ou dans la trouille, il n’y a pas si longtemps finalement, et que ça, oui, ça, ça s’exprime dans une urne, dans quelques programmes, même si t’es pas d’accord sur tout.
- Parce que oui, même si ça te gave, t’as le droit à 11 candidats, qui ont eux le droit de s’exprimer librement, de porter des idées librement, à part (à peu près) égale, et que tu peux voir sur 25 chaines différentes, c’est toute la différence avec ton homologue de Corée du Nord, qui lui, a le droit à un seul mec, depuis sa naissance, et qui le voit, car il n’a pas le choix, tous les soirs, élections ou pas, de toute façon, y’en a pas, sur LA seule et unique chaine qu’il a dans son poste, et encore, quand il en a un.
- Parce que même si t’es la pire des buses, même si t’as rien à dire, même si t’es le plus sombre des cons, même si t’as même pas de quoi rassembler deux neurones sous ton casque, oui, on te donne le droit de voter, pour celui ou celle que tu veux, ou que tu détestes le moins, alors fais le.
- Parce que tu sois gay, marié avec 8 enfants, célibataire, que t’aimes les films de gladiateur, ou Joséphine Ange Gardien, que tu sois juifs, catho, musulman, agnostique, fervent bouddhiste ou encore un adorateur des dieux vikings, que tu sois connu ou non, oui, ta voix reste une voix, et qu’elle pèsera exactement le même poids que celle d’une star, d’une vedette, d’un influent…
- Parce que même si c’est ton kiff de voter Cheminade, parce que tu le trouves sympa, que tu veux juste voter Poutou parce que son nom bah tu le trouves très drôle, bah tu peux…
- Parce que même si t’es contre tout, tout le temps, jamais content de rien, même si tu gueules pour un oui pour un non, même si tu n’as jamais rien fait pour la Société, et que tu ne feras rien jamais pour elle, même toi, t’as le droit de voter.
- Parce que si pour ta couleur de peau, ton sexe, ton origine, ta classe sociale, ton faible pouvoir sur les choses, on ne te donnait pas le droit de voter, tu serais surement dans la rue, pour exiger, avec un t-shirt «#jeveuxvoter #jesuisbulletin», le fait d’y avoir droit, alors, bonne nouvelle, t’as le droit.
- Parce qu’arrête un peu, sur les 11, t’en as bien un ou une, qui, dans ces quelques pages de programmes, a bien au moins 50% de son truc qui correspond à ton envie de Société, un peu à toi, un peu à tes mômes, un peu à tes parents, un peu à ta tronche, alors arrête oui, fais pas ton ultra difficile, et vas-y.
Parce que mes chers amis, mes chers lecteurs, mes chers petits poussins, mes chers ennemis, oui mes ennemis, quoi que vous puissiez vous en défendre, nous avons cette chance, tu as cette chance, alors au-delà des débats, des blablas, des gnagnagnas, oui, vote !
J’vous embrasse. A bientôt.