Vestige encore vivace de la brit-pop des années 90, Suede prouve qu’il reste un groupe de scène et qu’il conserve toute sa verve. Un putain de live.
Avec sa mèche bien étudiée sur le front, Brett Anderson avait tout de la tête à claque. En 1993, cette endive prétentieuse montre qu’il a quand même du talent avec le premier disque de Suede qui coup sur coup lance la période glorieuse de la brit-pop et remert au goût du jour le glam-rock, jouant avec les ambiguïtés sexuelles si chères à David Bowie.
Fondé en 1989 à Londres, le groupe était promis à un destin funeste rapide avec un turbulent chanteur dépendant aux drogues et surtout un guitariste inspiré qui claque trop vite la porte, Bernard Butler. Juste avant de partir, les deux hommes et leurs camarades discrets mais solides, réalisent un second disque qui reflètent beaucoup cette partie sombre de leur rock, Dog Man Star.
Un petit bijou, décrié à son époque (Blur sautillait déjà au sommet du hit parade, talonné par ces gros lads d’Oasis qui voulaient leur botter le cul) et qu’il faut réévaluer aujourd’hui. Le groupe nous aide avec ce live anniversaire au Royal Albert Hall, édité en peu d’exemplaires.
Depuis 2010, le groupe s’est reformé. Butler fait toujours la tronche mais le remplaçant Richard Oakes (embauché à 17 ans en 1996) assure toujours aussi bien derrière les guitares alertes du groupe et les riffs flamboyants de quelques uns de leurs hits. Ils font une série de concerts et reprennent goût au travail collectif. En 2013, sort un nouvel et bon album, Bloodsports. Pour la fin de l’année, un nouvel effort est prévu. Suede est un revenant inattendu.
D’autant que sur scène, Brett Anderson n’a plus sa jeunesse mais un sacré coffre et une envie d’en découdre quasi intacte. La guitare virevolte tout autour et les copains discrets qui assurent la rythmique, continuent de rester à l’ombre tout en conservant leur efficacité. Suede rejoue l’intégralité de ce disque mal aimé (pour la bonne cause puisque les recettes sont reversées pour la lutte contre le cancer), les faces B inédites et quelques succès incontournables.
La nostalgie fonctionne à fond: la débauche d’énergie est spectaculaire. Ils avaient tellement sombré dans nos mémoires, que les petits gars de Suede impressionnent, loin du star system. Une résurrection comme on n’en fait plus! L’endive n’est plus là: un vrai dandy (et un bon groupe) est de retour!
Import – 2015