De temps en temps on replonge dans des vieilleries. Cette semaine on vous propose un voyage dans la Zulu Nation!
La fin des années 80, le hip hop connaissait ce que l’on appelle aujourd’hui l’âge d’or du rap. Nous sommes à la fin du règne de Reagan. Le rap sort de la marginalité. Les rappeurs de NWA font peur aux bourgeois. Les petits blancs rougissent devant les paroles crues de 2Live Crew. LL Cool J écrit des slows. Le rap devient une valeur sûre et marchande.
Il y a encore des rêves et une absence de cynisme dans les disques qui sortent à cette époque. Et ceux qui planent le plus, ce sont les rappeurs de la zulu nation, sont natifs de New York. La pochette des Jungle Brothers est déroutante, d’un mauvais gout charmant et montre tous les mythes défendus par ce trio surdoué, mais qui aura hélas une carrière moins brillante que De la Soul ou Tribe Called Quest.
Le trio ressemble beaucoup aux deux autres groupes. Au delà du flow, de la colère, du constat, il y a une quête musicale que l’on ne voit pas chez les autres rappeurs de l’époque. Influencé par les jazz, le style des Jungle Brothers est au carrefour des musiques. On entend une house percée et le hip hop est encore acrobatique pour ce new-yorkais, urbains et passionnés par l’Afrique.
Les Jungle Brothers sont des artistes avec une conscience et une maîtrise qui leur permettent aujourd’hui de représenter tout un genre: leur musique est incroyablemet contemporaine, complexe, lyrique et ludique. Depuis les clichés se sont bien installés. Avec tous les logos derrière la pochette (dont le fameux stop the violence), les samples binaires, leurs tronches de hippies blacks, ils sont désormais « vintage ». Mais leur rap vieillit parfaitement bien. C’est une redécouverte jouissive! Ca fait de l’effet. Au delà de la nostalgie, le disque nous rappelle ce qu’est réellement le rap, au delà du bling bling qui scintille bêtement dans la société de Trump!
Warner Bros – 1988