La trompette est l’instrument à la mode pour l’hiver 2015-2016. Après le virtuose Maalouf, place au rassurant Erik Truffaz, toujours aussi heureux de jongler avec les codes.
Erik Truffaz est un héritier joyeux de Miles Davis. Kind of Blue fut son premier contact avec le jazz et le grand Miles lui a donné l’envie de s’époumoner sur une trompette scintillante. Il lui a donné aussi le goût du mélange. Erik Truffaz a toujours préparé des cocktails détonants par des emprunts au rap, à l’électro et d’autres musiques urbaines.
Depuis vingt ans, il secoue la planète jazz avec ses bricolages acrobatiques. Pourtant il était plus discret ses derniers temps. Doni Doni devrait le remettre sur le devant de la scène. Car il réalise avec son quartet, un album spectaculaire, africain et jazzy comme on aime.
Si Maalouf est à la mode avec son style arabesque, Truffaz s’applique à freiner au maximum ses notes et ses sons si agréables. Il baisse le rythme de son instrument en demandant à son entourage d’accélérer. Kudu est un morceau qui devrait rester: impressionnant!
La déception vient des intrusions vocales même si on les doit à Oxmo Puccino ou la très douce Rokia Traoré. L’aspect pop est un peu trop visible sur ces morceaux. Mais les parties instrumentales sont tellement appréciables. On y trouve presque un message politique sur l’ouverture et la quiétude. Il y a une proposition autour du temps et de la découverte. A chaque écoute, on trouve des petites subtilités qui nourrissent la richesse du projet.
Pour continuer à explorer le jazz de Mile Davis, il fabrique un son « africain » cette fois ci sans oublier sa très grande modernité et l’efficacité de ses musiciens. Après trois années de silence, Erik Truffaz continue sa mutation, assume sa virtuosité et son groove qui n’est pas tout à fait jazz comme on a l’habitude de l’entendre. C’est fou tout le bien qu’il a fait en vingt ans, cet homme là!
Parlophone – 2016