07 janvier 2015, 16:29.
De mon bureau j’aperçois une grande roue, des enfants à vélo, un coin de soleil orangé bleuté, un paysage calme d’un jour de janvier, un peu froid, je pense à mes enfants, me demande ce qu’ils font…pensées furtives…
Je n’ai pas déjeuné ce midi, trop « pris » par des trucs du quotidien, par des emmerdes de mec dans son truc, sa chemise clean, les chaussures cirées, observateur juste là quelques instants d’un moment de vie d’un jour quelconque, d’un jour comme tant d’autres auquel on ne prêtera plus attention dans quelques années, voire dans quelques jours.
16 :31, j’ai envie d’une clope, je n’ai pas relevé la tête, je n’avais pas vu, pas lu, pas entendu, et pourtant.
16 :32 Je prends mon téléphone je vois des « Je suis Charlie », m’interroge, ne comprends pas, regarde alors le feed de mes pages Instagram et Facebook, mets l’appli d’I-TV pour comprendre…et je comprends…que ce jour ne sera pas banal…
16 :33 Je glisse un peu, coule, une vague de nausée, de peur, de gris, je me demande si ce n’est qu’un début, m’inquiète lourdement, me glace, repense alors à mes enfants, à mes neveux, aux enfants de France, aux familles, de Charb de Cabu, d’Ahmed, simple flic, mort, pour la France ? Pour la liberté de pensées, la liberté d’expression, notre liberté, votre liberté.
17:02, il fait vraiment très froid. Je n’ai plus l’envie de bosser, plus l’envie de grand-chose, sauf de me battre, de gueuler peut-être, de diffuser humblement une photo, un texte, un cri, des larmes là où je peux.
17 :27, je rejoins une grande place blanche où sont jonchées des carcasses de cabanes de Noël en démontage, je rejoins une petite foule qui deviendra de plus en plus en plus grande au fil des heures.
Tard, après avoir passé la soirée devant les témoignages et les images en boucle sur toutes les chaînes infos, je tente de m’endormir, me dit que la connerie humaine, l’arrogance infâme des êtres petits recroquevillés sur leur fanatisme, leur fausse croyance, leur jeu de vies infâmes et le cerveau nourri de préceptes avides de sang et d’intolérance se résument en 1 phrase « On a vengé le prophète Mohammed, on a tué Charlie Hebdo »…pauvres connards, pauvres idéaux d’un autre temps…comment ont-ils pu ?
Ce soir, aujourd’hui, demain et après-demain, la France s’appellera désormais Charlie.