Vous avez sûrement fait vos cadeaux. Et puis c’est un peu has been un CD ? Offrir un vinyle c’est même devenu désormais hors de prix. Pourtant on va se remémorer quelques souvenirs musicaux qui ont marqué cette année. Bien entendu tout ceci est très personnel mais bon, le partage à cette période de l’année, c’est important !
On commencera avec le plaisir le plus régressif de l’année : en novembre, les glamrockeurs des Struts sortaient Pretty Vicious et nous renvoyaient dans les années 70 entre T. Rex et Iron Maiden. Du bon gros rock qui ne veut que dérouiller les oreilles et les jambes.
Pour cela, il y a une voix nasillarde et virtuose. Une guitare déjantée. Une basse survoltée et un batteur qui s’essuie le front sans arrêt. Tout cela avec une idée du bon goût tout à fait douteuse. Typically english. Avec tant d’énergie, cela dépasse l’effort révérencieux et Pretty Vicious devient une petite obsession rock’n’roll bien agréable, à écouter 1000 fois.
Tout comme la potion magique qu’ont découvert Joey Valence & Brae. Ces deux-là ne sont là que pour le fun et un rap qui s’approche du punk. Les deux lascars ont décidé donc d’être les dignes descendants des Beastie Boys.
Le duo sait y faire. Ça pulse, ça gigote, ça crache et ça dégage un rythme incroyable. Le rap se conjugue au rock et leur premier album, Punk Tactics, est l’objet effectivement le plus punk de l’année. Une fois encore pas de mélancolie : juste du plaisir assumé et jouissif !
On appréciera aussi toute la classe des Géorgiens de Mgzavrebi et leur rock qui se mélange aux traditions locales. C’est joli comme tout. On voyage mais pas que. La voix est très caressante et les arrangements sont plus subtiles qu’ils n’y paraissent.
Malgré le folklore, on est très vite proches de ses musiciens. Le disque dispose de nuances que l’on n’attendait pas. C’est un disque très touchant et l’attendue rencontre entre l’ancien et le moderne sort réellement de l’ordinaire.
Celui qui parvient à nous faire oublier le quotidien, c’est bel et bien Voyou qui a ouvert cette année ses Royaumes Minuscules. Chacune de ses chansons est un petit monde attendrissant et complexe. Le musicien devient une sorte de Thomas Fersen pour les plus jeunes. Les idées sont souples et savoureuses. Les textes torpillent la morne plaine et le musicien enchante avec une déroutante facilité.
Il est aussi facile d’encenser l’effort des trois artistes indépendantes, Phoebe Bridgers, Julien Baker et Lucy Dacus. A trois, elles forment Boygenuis et ose appeler leur premier album : The Record. Au final, il y a tellement de sentiments et d’émotions dans leur disque, qu’on respecte ce choix impétueux. C’est un grand disque à l’américaine où les harmonies se conjuguent avec les egos des artistes. C’est populaire dans le bon sens du terme. Les trois femmes sont complices avec nous comme elles le sont sur leurs chansons.
On voyage aussi en Amérique sur le dernier disque de Geese, groupe de Brooklyn qui se met à errer dans le désert californien. Cela donne 3D Country, un ovni qui mélange effectivement de la country avec des éléments post punk ou très indépendant. On a l’impression d’entendre le groupe culte Télévision faire du rodéo !
Mais l’humour est ambitieux et le groupe en profite pour faire un chouette disque qui se colle rapidement dans la mémoire. On a l’impression de redécouvrir le Grand Ouest et ses vastes plaines. Et ils sont très nombreux les chouettes disques qui nous font oublier les mauvaises nouvelles, les vilaines guerres et les cyniques en tout genre… Mais là ce ne sont quelques exemples qui vous mettront de bonne humeur pour commencer 2024