Musique

En route vers la joie ! avec Nick Cave, Fontaines DC & Cassandra Jenkins

A y est ! Les collègues sont tous de retour dans le bureau sans charme et éclairé au néon, vous vous remettez des listes de fournitures scolaires incompréhensibles, le soleil se couche avant 20 heures, le Spritz n’a plus le même goût dans un salon alors qu’il était doucement amer sur une terrasse ensoleillée...


Le moral va sombrer vers des abîmes de tristesse. Heureusement Nick Cave est là ! Je n’ai pas encore bu mes trois Spritz autorisés ! Nick Cave et ses mauvaises graines ont décidé d’être joyeux. Ce qui n’était pas franchement gagné depuis quelque albums et la disparition tragique des fils du chanteur.

On était dans le noir complet et visiblement Nick Cave a trouvé une petite ampoule. De son éclat, il invente avec son groupe fidèle une dizaine de chansons qui semblent sortir d’une euphorie toute relative pour ce crooner de plus en plus chamanique ou christique. Il semble être le digne descendant d’un Johnny Cash : en vieillissant son charisme augmente et son aura le rend essentiel.

Ce 18ème album est donc une œuvre éclairée. Les musiciens reprennent le pouvoir dans une pastorale élégante. Les paroles sont étrangement optimistes. Un chœur supplante la voix toujours troublée de Nick Cave. Dieu serait sauvage mais l’écriture des Bad Seeds prend un nouveau tournant. Ce qui est franchement formidable après les derniers opus plus qu’élégiaques et torturés. Hé oui, c’est bien Nick Cave qui nous invite à sourire.



Eux aussi, ils n’avaient pas l’habitude de nous faire rigoler mais les Fontaines DC se sont faits un nouveau look pour signifier qu’ils avaient changé leurs habitudes. Les dandys sombres sont devenus pour leur 4ème album des punks californiens.

Les gars se prennent pour Sum 41 ou les Red Hot ! Mais le changement n’est pas si radical. On retrouve toute la verve littéraire qui a fait le succès de ce groupe irlandais populaire et exigeant. James Ford, complice de Gorillaz, transforme le quintet torturé en super groupe prêt à affronter les marchés internationaux. Les musiques sont plus abordables mais pas du tout honteuses.

Le groupe n’est pas l’ersatz du groupe britannique qui veut en découdre avec le reste du monde. Il conserve avec habileté son style post punk mais assez vivace. Le disque se nomme Romance et il est évident que Fontaines DC nous fait un peu la danse du ventre. Mais le rythme et les mélodies sont agréables et il est difficile de leur en vouloir : l’ambition les pousse vers nous un peu plus et sans se trahir. Eux aussi, par surprise, ont l’envie de rire pour cette rentrée.



Mais celle qui nous donne l’envie de plus sourire c’est l’inattendue Cassandra Jenkins et son album au titre tout aussi heureux : My light my destroyer. Cette fois-ci voilà une belle découverte à la rentrée : une petite nana l’air de rien, qui convoque Neil Young, Joni Mitchell et toute la pop la plus moderne. Le grand écart est périlleux mais il se révèle merveilleux.

Elle aurait pu rejoindre le supergroupe de l’année dernière, Boygenious. Encore une artiste au fort caractère, capable de répondre à toutes les contraintes de l’industrie et servir autre chose de de la soupe pour radio à tunnel de tubes. Son album est une magnifique piège. On devine de la pop et on se retrouve avec un truc indé, qui fait semblant de fuir dans tous les sens pour surprendre ensuite par sa cohérence.

Cassandra Jenkins assume une passion pour le jazz mais son album pique dans tous les styles avec une grâce assez rare. On se marre à écouter une réelle agilité. Elle bifurque sans arrêt mais ses mélodies restent très solides et entêtantes. Il y aussi des petits interludes qui mettent une ambiance si ouatée que l’on se met à penser à une lointaine cousine de Tom Waits.

Elle fabrique un petit univers bien à elle. Elle a laissé beaucoup de places pour nous. Par les temps qui courent, ce petit monde nous fera bien oublié le notre, un peu trop triste, un peu trop flippant. Et si Nick Cave se met à rire, autant dire que l’espoir d’un monde meilleur est certain… et les autres en sont la preuve. 

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