Lorsque le public s’installe, il y a un homme nu sur scène sur un grand plateau vide à l’exception d’un fauteuil. Il restera nu tout au long de la pièce. Il est « l’Autre ».
Deux autres personnages participent à ce trio explosif : Il est «l’Un» et il sera torse nu. Elle est “Elle”, vêtue d’une robe noire, simple et élégante. Elle dirige une entreprise, l’Un est acteur porno, l’Autre vit en marge. La femme règne en maitresse implacable sur ce singulier triangle amoureux.
Derrière l’Un, il y a deux pans immenses, sur lesquels est agrandie une photo de Montgomery Clift et Lee Remick dans le Fleuve sauvage d’Elia Kazan. Image d’un amour fuyant, une femme nous regarde alors que l’homme porte son regard au loin. Bientôt l’image va se fendre, s’ouvrir tel un portail pour dévoiler une immense chambre vide. Le drôle de jeu sexuel et existentiel du torride trio va pouvoir commencer.
La pièce est violente et brute, questionnant sur le rapport du corps objet, la domination, le pouvoir et le sexe. Les corps sont écrasés par ce décor qui ne cesse de s’ouvrir et de se fermer.
Le décor semble engloutir les corps, recrachant à chaque fois le même scenario. Deux corps s’affrontent principalement, une violence urgente de s’appartenir, de s’unir sexuellement mais pourtant, les émotions restent bloquées. A travers les mots et les gestes se dessine un avenir incertain de possession. Qui possède l’autre ? Qui gagne du dominé ou dominateur ?
Les changements de scène sont rythmés par la voix de la Callas. Sa voix contraste avec la dureté de la pièce, le son de sa voix apporte grâce et intensité à ce trio décadent.
Porté par l’intensité du jeu des comédiens et du texte, on sort troublé de ce spectacle fort et énigmatique.
Jusqu’au 21 mai 2017
Erich Von Stroheim
De Christophe Pellet – Mise en scène Stanislas Nordey
Avec Emmanuelle Béart, Thomas Gonzalez, Laurent Sauvage en alternance avec Victor de Oliveira