Dans le cadre du Festival Artdanthé, le Théâtre de Vanves propose un double spectacle de danse autour du rythme de la parole.
Dans le spectacle de la compagnie MaisonDahlBonnema, deux hommes et deux femmes (le duo Anneke Bonnema et Hans Petter Dahl, accompagnés du batteur Nicolas Field et de la comédienne Catherine Travalletti) sont habillés de blanc, portent un long chapeau pointu blanc et se déplacent dans un espace complètement blanc. Dès le début, tout évoque l’univers : la pièce est une longue réflexion sur la terre, la vie, les images, les nouvelles technologies, l’humanité dans une perspective résolument apocalyptique. Une mise en scène assez pauvre, un travail sur le lien entre le rythme de la batterie, la parole et le mouvement qui tourne en rond. Entre pathos et ironie, sentencieux et décalage, Rhythm Conference se révèle un hymne à la vie new age au premier degré, assez frustrant, que seule la dernière partie (énumération-catalogue interminable de « choses » sous fond de musique krautrock) parvient à sauver de la banalité.
A l’opposé, avec une mise en scène très simple et surprenante, la pièce de Maarten Seghers travaille en profondeur la parole, la limite entre le sens et le rythme, avec une ironie et une inventivité scénique impressionnantes. What do you mean… expérimente toutes les nuances de la satiété sémantique, lorsque la répétition des phrases, rythmées jusqu’à l’épuisement, perd son sens et devient pure sonorité. En parallèle, Maarten Seghers travaille le non-sens corporel, une gestualité à la fois absurde et sobre qui se joue autour d’une planche en bois collée au visage, en transformant le corps en un objet empêché, mais extraordinairement musical qui communique joyeusement avec le dispositif sonore du décor-caisse de résonance. Une mise en scène dépouillée et imaginative, où les répétitions, les silences, les attentes, portés par ce corps maladroit et hilarant, enchantent pour leur construction percutante.