Disque pour Noel. Ca y est. On arrive bientôt à l’heure du bilan et voici quelques albums de l’année que l’on doit retrouver dans la hotte du Père Noel. On commence par cette chanteuse acrobate des gammes et véritable rayon de soleil pour lutter contre la morosité.
Car Cecile McLorin Salvant n’est pas une décliniste, une gardienne du temple, une chanteuse qui brode sur des vieux répertoires. Bien entendu elle n’a pas peur de se confronter à des chansons connus mais elle a surtout la volonté évidente de se différencier des autres.
Sur le marché du jazz féminin il y a (beaucoup) de monde: pour se faire une place, il faut du caractère. Après un premier disque remarqué et la première place du concours Thelonious Monk en 2010, la jeune femme franco américaine, affirme ici un appétit vorace, prêt à casser la baraque.
On est happé par son espièglerie et sa voix qui fait littéralement le grand huit. Il y a des classiques. Elle semble avoir un petit faible pour Julie Andrews et les comédies musicales de Broadway. Mais l’emphase n’est pas musicale.
Tout est dans la voix. Elle en fait parfois des tonnes mais c’est toujours au service de la musicalité (elle rappelle de temps en temps Bobby McFerrin et ses expérimentations vocales). Elle en fait peut être un peu trop mais Cecile McLorin Salvant met beaucoup de coeur dans ses interprétations. On ne peut pas être insensible à cette façon de chanter qui pourrait être une façon de jouer la comédie.
Elle remet au goût du jour cette sorte d’exagération qui ne tourne jamais à la démonstration. Elle visite le répertoire large du jazz mais elle ose aussi de belles compositions plus contemporaines, aidés par une orchestration classique, discrète mais d’une redoutable sensibilité. Elle s’affranchit l’air de rien, avec une aisance spectaculaire.
C’est un disque de jazz qui refuse de regarder complètement derrière et n’a pas peur de l’avenir, de la nouveauté et de l’originalité. A une époque où le mot frontière fait frissonner, ce disque nous console. Un petit bonheur à écouter et réécouter.
Mack Avenue – 2015