Zampano est un colosse de foire brutal, un vagabond, avec une force de Gladiator, un cœur de pierre. Il ne sait parler qu’en criant, en donnant des ordres, en jurant, habité par cette hâte d’aller vers nulle part.
Gelsomina, lui a été vendue par sa mère. Petit bout de femme lunaire, pétrie d’humanité, de poésie, elle accepte de suivre Zampano sur la route car elle voit en lui une vie d’artiste qui la fait rêver. Quelle ne sera pas sa désillusion quand elle se retrouvera longtemps cantonner aux tâches ingrates.
De village en village, de place en place, les deux âmes blessées cohabitent. Sans pour autant se comprendre. Ils ne vivent pas dans le même monde.
Zampano ne compte que sur sa force physique. Gelsomina s’interroge sur le monde qui l’entoure : « Comment on devient une femme ?» « Comment trouver les mots justes pour exprimer ce qu’on ressent ». Elle se met à penser par elle-même, à avoir une opinion, à s’affranchir.
Gelsomina va grandir au contact de la dureté de Zampano. Elle n’arrivera pas à l’adoucir mais elle puisera une force pour apprendre à dire non, pour comprendre qu’elle n’est pas une moins que rien.
Elle souhaite que quelque chose de beau sorte d’elle. Alors quand sa vie croise celle d’un funambule, musicien, ses yeux se mettent à briller. Elle va « boire du rêve à grandes gorgées » avec lui, être éblouie, apprendre à jouer de la trompette. « Je me suis sentie artiste », dira-t-elle. Mais les trios ne durent jamais bien longtemps et le drame se profile…
Dans une langue poétique imagée de Pierrette Dupoyet, la comédienne Nina Karacosta donne toute une palette d’émotions à Gelsomina. Elle habite le plateau, déploie le personnage, le révèle, le rend très attachant.
« Le spectacle nous confie l’histoire de ces « gens sans importance » laissés au bord de la route, ceux dont la vie ne semble compter pour rien, que l’on piétine, dont on se détourne sans voir que l’on passe à côté d’un être humain, d’une vie, d’un petit trésor. Sans jamais se plaindre, en faisant preuve d’une impressionnante force de vie, d’une volonté de voir le meilleur en tout, Gelsomina témoigne pour tous les laissés pour compte, les petites gens, les différences,… »
Jusqu’au 03 juillet 2016