Daniel Paboeuf serait un nostalgique? Son disque célèbre une décennie de manière très personnelle. Une mélancolie tout en énergie.
Le saxophone dans les années 80 c’est, pour le grand public, le musculeux musicien dans le clip de Tina Turner pour la bande originale de Mad Max 3 ou c’est le fils de Pierre Richard à la tête de Blues Trottoir et son titre phare, un soir de pluie! C’est exagéré mais le saxo dans les années 80 c’est le must! La petite touche qui fait la différence et apporte du velouté sur des gros synthés et des rythmes de plus en plus fades.
Daniel Paboeuf a connu cette période faste et lui rend hommage dans Golden Years qui ne fait pas dans la redite sage et opportuniste. Non, Paboeuf et son gang sont des têtes chercheuses. Ils semblent revisiter les années 80 avec le saxophone, comme objet de culte.
Cela donne un disque très étonnant. Car l’unité de Paboeuf intervient dans tous les secteurs sans vraiment s’investir dans un genre. C’est un groupe qui a la bougeotte et cela provoque d’heureuses surprises. Les titres s’enchainent et ne se ressemblent pas. Jamais cela n’arrive dans Golden Years.
Complice de Marquis de Sade, présent auprès de Daho ou Niagara, le Rennais Daniel Paboeuf connait bien les arcanes d’un son spectaculaire et efficace. Son expérience amène désormais une profondeur étonnante et un refus du compromis exemplaire. S’il peut être baser sur une certaine nostalgie, elle se refuse à tout hommage poli. Au contraire les chansons construisent un mur de son lyrique et finalement harmonieux. Mais le son est sacrément bouillonant, magma pop mais pas que.
Surprenant d’un bout à l’autre, on redécouvre et réhabilite le saxo et les années 80. C’était pas gagné. Chapeau à cette unité très spéciale
Il monstro – 2018