Souvent, Angoulême a été taxé d’élitisme, de snobisme et d’une volonté de ne récompenser que des auteurs marginaux, loin des attentes du grand public. Cette année c’est un Maître du 9ème Art, qui a su allier la qualité au divertissement: Hermann. Hermann Huppen, c’est un des 4 ou 5 belges récompensés à Angoulême. C’est surtout un formidable conteur d’histoires!
Hermann émerge dans les années 60 – 70 avec Jugurtha. Il réalise les 2 premiers épisodes de ce péplum loin des standards de l’époque représenté par Alix. On est loin de Jacques Martin et de son dessin proche de celui de Tintin. Jugurtha est moderne le trait est vif, l’action rapide. Pourtant Herman n’ira pas au-delà du tome 2 laissant la place à Franz qui réalisera avec brio et Jean-Luc Vernal une quinzain d’albums de cette saga aujourd’hui difficile à trouver ailleurs que chez les bouquinistes et qui fit pourtant les beaux jours du journal de Tintin dans les années 80.
Herman fait alors une rencontre décisive avec Greg. Greg, quand il ne travaille pas sur Achile Talon réalise de brillant sénarii pour des dessinateurs tel que Wiliam Vance. Herman le suivra pendant de nombreuses années avec 2 héros: Red Dust dans la série Comanche et Bernard Prince dans la série du même nom. Pour ce qui est du western, tous les albums de la série Comanche sont d’une excellente qualité. J’ai pourtant une légère affection pour les albums Les loups du Wyoming, Le Ciel est rouge sur Laramie, Desert sans lumière. Course poursuite à travers tout l’état entre une bande d’outlaws et notre héros. C’est du pur bonheur! En plus les auteurs ont su faire évoqluer tous leurs héros au cours de cette dizaine d’albums. C’est la conquête de l’ouest racontée de façon épatante.
QUant à Bernard Prince j’ai une préférence pour le Port des fous. On retrouvera d’ailleurs ce type d’ambiance dans les albums sénarisés par Hermann et notamment dans un hiver de clown de la série Jérémiah.
Avec Jérémiah, Hermann s’émancipait de son maître Greg. Il crée 2 personnages inséparables: Jerémiah et Kurdy Mallow. Tout oppose ces 2 héros dans ce western post apocalyptique né dans les années 80. L’un est un héros au grand coeur plein de vertu et l’autre est un type cinique affublé d’un casque de l’armée américaine surmonté d’une plume. La guerre qui a détruit le monde provient de conflits éthniques. On regrettera que Hermann n’est pas plus exploité cette dimension politique au profit de la pure BD d’aventure. On retiendra quand même La secte, Afromérica, ou les eaux de colère.
L’autre série qui démontre les talents de conteurs de Hermann c’est Les tours du bois Maury. Cette série médiale passe des grans au petit peuple décrivant un haut moyen âge violent, sans pitié. Les 10 premiers albums s’enchainent très bien, les suites où l’on se met à changer d’époque sont de moins bonne qualité.
Hermann, c »est aussi de grands albums « One shot ». Pour ceux-ci il dévoilera son goût pour l’Afrque « Missié Vendissendi », « Retour au Congo », ses coups de gueule: « Sarajevo Tango » et sa passion pour le western.
Le dernier album de Hermann, comme beaucoup des derniers albums sont scénarisés par son fils Yves H dont la qualité des histoires n’est pas toujours celles de son père. Celles-ci sont souvent confus. on retindra néanmoins le tout dernier: « OLd Pa Anderson ». Vengeance et Klu Klux Klan dans l’Amérique des années 60. Si le récit n’estr pas d’une grande originalité, il se laisse lire.
Hermann c’est avant tout un très grand dessinateur qui sait mettre en scène ses histoires avec brio et virtuosité? On peut donc espérer une grande expo l’année prochaine à Angoulême!