Cinéma

Hacker

Le piratage informatique peut il être un sujet de cinéma? Réponse positive par l’étrange Michael Mann.

Michael Mann aime les bandits. Dans Heat ou Public Enemies, ils étaient amoureux. Dans Collateral, ils se faisaient philosophes. Désormais, ce sont des pros de l’informatique et des attaques virales. Le monde a bien changé : après le documentaire Citizenfour, voici donc une vraie fiction sur un sujet pas très photographique.

Heureusement Michael Mann est un réalisateur qui a le souci de l’esthétisme. Les premières minutes font un peu peur avec un plan vu mille fois ou un virus s’introduit en virevoltant entre les câbles au plus profond d’une puce qui va provoquer l’explosion d’une centrale nucléaire chinoise. La virtuosité est roublarde mais très vite, le réalisateur s’en détache avec son jouet préféré : la caméra HD.

Cela lui permet de filmer au plus près la course poursuite entre un hacker fou et un repris de justice, musclé, beau et très intelligent. Le massif Chris Hemsworth est expressif comme un pixel mais il fonctionne plutôt bien dans le rôle du génie mal aimé.

Il n’empêche pas les jolies abstractions de Michael Mann, qui possède toujours son savoir-faire pour suggérer la dématérialisation ou la déshumanisation de nos existences. Ca sent fort la redite mais son polar est une fois de plus hypnotisant.

Cette volonté de dépouiller le polar fait plaisir même si les tics de l’auteur de Deux Flics à Miami sont appuyés. Mais il est certain qu’il ne fait rien comme tout le monde. Cela peut plaire. Cela peut déconcerter aussi.

Car il oppose au scénario carré et prévisible, une amourette naïve entre le héros et une jolie chinoise et bien entendu un coté contemplatif dans sa réalisation, qui s’accapare les décors du ciné d’action de HongKong, reconnu et spectaculaire.

Avec un sujet pas du tout cinégénique, Mann parvient à faire son cinéma, organique et irrévérencieux en vers les codes du genre. Il nous perd un peu sur la durée mais Hacker est de toute façon, un thriller pas comme les autres, et ça, c’est déjà pas mal !

Avec Chris Hemsworth, Tang Wei, Viola Davis et Ritchie Coster – Universal – 18 mars 2015 – 2h15

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