Ca ne finira jamais ! Johnny va conclure dans les mois à venir sa très longue carrière. Si le culte subsiste, l’artiste se laisse aller aux écritures à la mode et un blues de supermarché. D’où la proposition de réécouter le disque le plus absurde du chanteur ! Bienvenue en 1976!
En 1976, durant le succès de son show, Johnny story, la star française du rock sort un projet complètement fou : un opéra rock adapté de Shakespeare. Johnny Hallyday s’est imaginé sur deux disques en Hamlet. Hallyday et Shakespeare, avouez que l’association a de quoi surprendre.
Le public de l’époque a boudé ce duo inattendu. L’opéra ne fut jamais monté. Quatre décennies plus tard, ce double album est un grand moment de rock kitsch des années 70 et il contient un charme redoutable.
Johnny Hallyday ne fait pas dans la demi mesure. Son spectacle commence par un texte où il explique qu’il a aimé l’histoire d’Hamlet sans savoir exactement pourquoi. L’orchestre gronde et c’est parti pour vingt cinq morceaux emphatiques.
La relecture de Shakespeare par Hallyday fait rire avec des textes qui réduisent maladroitement la verve de l’auteur britannique. Cependant les morceaux ont le sens de la dramaturgie.
C’est donc sacrement rythmé. Le chanteur rend hommage à l’éloquence de Shakespeare par un tempo haletant. Les chansons s’enchaînent et tiennent une vraie tension. Bien entendu, le son résolument 70s ajoute à l’absurdité du projet mais aussi au plaisir de l’écoute.
Car Hamlet est un disque qui s’écoute attentivement. On sourit bien souvent aux textes un poil simplifiés mais drôlement ampoulés. Au lieu de Notre dame du roi soleil et sa soupe variétoche, on préfère largement ce rock endiablé et daté.
Pompeux par son orchestration plus que généreuse, Hamlet devient un vrai vestige d’une époque et une authentique découverte (que l’on fera écouter à des copains amateurs de binouses) qui réconcilie avec le vendeur de lunettes qu’est devenu Johnny Hallyday.
Philips – 1976