Une femme, trois hommes assoiffés d’amour et de pouvoir. Ce Hernani réveille la beauté des mots de Victor Hugo grâce au talent des comédiens. Puissant.
Au cœur de l’action, un trio d’hommes désire la jeune Dona Sol. Promise à son riche et vieil oncle Don Ruiz Gomez, elle est aimée par le roi d’Espagne Don Carlos en passe de devenir empereur. Mais la jeune et ravissante noble a donné son cœur à Hernani, un exilé fougueux animé d’un désir de venger son père. La pièce parle de pouvoir et d’honneur mais surtout d’amour.
L’histoire se situe au XVIe siècle, au moment de l’avènement du roi Carlos Ier d’Espagne au trône du Saint Empire romain germanique sous le nom de Charles Quint. Les costumes de Renato Bianchi transportent au XIXe quand les mots d’Hugo font toujours écho aux jeux de pouvoir actuels.
L’originalité de la mise en scène de Nicolas Lormeau : avoir installé le plateau au centre, les spectateurs autour. Les comédiens se retrouvent ainsi dans le public à chaque entrée et sortie de plateau. Les décors sont minimalistes : un tombeau, un lit dans les derniers actes, ce qui amplifie les bruits de pas au sol. Les mouvements incessants des corps s’attirant et se repoussant parasitent les voix.
La réussite de la pièce repose alors sur les acteurs. La stature de Bruno Raffaeli, récemment admiré en Créon dans Antigone salle Richelieu incarne un vieux Don Ruiz Gomez attachant. Jérôme Pouly apporte une certaine ironie au roi Don Carlos. On salue son immense mérite de ne s’être laissé déstabiliser par la sonnerie intempestive d’un téléphone en pleine tirade sur le tombeau de Charlemagne… Félicien Juttner en Hernani crie son texte et s’agite trop pour retenir l’attention.
C’est finalement Jennifer Decker qui éblouit le plus en Dona Sol. Sa délicatesse, sa fraicheur, sa beauté illuminent le plateau. Son interprétation parfaite de bout en bout font de son personnage une amoureuse sublime.