Steven Soderbergh s’amuse bien avec son iphone. Il sort son second long métrage sur Netflix. Et c’est du grand cinéma! Coup de poker dans le monde du basket!
Bon okay, il faut s’accrocher. Si on ne connait pas grand chose sur le monde de la NBA, c’est assez coton de découvrir Ray Burke et ses pérégrinations. En pleine grêve, l’agent de prometteurs joueurs est sous pression. Il a l’air bel et bien au bout du rouleau mais il a peut être une lumineuse idée pour que les riches propriétaires s’entendent avec leurs puissants athlétes…
Il y a donc une succession de coups tordus, de trahisons et de retournements de situation. Ray Burke jongle avec les mots et les personnes. Steven Soderbergh filme cela avec son petit téléphone mais surtout un grand angle qui fait clairement de l’effet. On est dans la mythification, le bigger than life, le capitalisme derrière le sport!
Les personnages semblent écraser par le paysage et on donne pas cher de la peau de Ray Burke, drôle de héros en costard et passionné des terrains. On comprend bien qu’il s’agit là d’un monde impitoyable qui ferait passer JR pour un petit gilet jaune texan. Ici, ca ne rigole pas: c’est bien à l’image de l’Amérique d’aujourd’hui que fonctionne la fameuse NBA.
Ecrit pa le scénariste de Moonlight, le film est particulièrement politique dans sa forme comme dans le fond. La doénonciation passe par la mise en scène précise et élégante de Soderbergh, qui lui s’émancipe de toute contrainte hollywoodienne avec un petit budget et des acteurs parfaits. Il cumule toujours le poste de monteur et de directeur photo. La précision est le point commun entre les films pourtant très divers de Steven Soderbergh, venu du cinéma indépendant, artisan solide d’Hollywood puis retraité malicieux du système.
Si vous changez l’enseigne NBA par Hollywood, vous trouverez un petit concentré d’ironie autour de l’idée du pouvoir et des puissants. Il profite de la technologie d’aujourd’hui pour parler aussi de la soi disante liberté qu’offre les réseaux, les smartphones etc. Le discours pourrait être plombant mais Soderbergh instaure une exigence qui fait plaisir à voir. Les images servent des dialogues profonds et le film fête surtout l’intelligence et la volonté. Sans le moindre ballon sur le parquet, cette oeuvre sportive dépasse la sortie anecdotique mais prestigieuse sur Netflix. Comme souvent chez Soderbergh, c’est bien plus que du divertissement!
Avec Andre Holland, Bill Duke, Melvin Gregg et Zazie Beetz. 1h30 – netflix