Votre serviteur a quarante ans et il danserait bien un bon vieux slow langoureux dans la chaleur moite de l’été. Ca tombe bien, les Eagles lui ont offert à sa naissance, la plus grande et longue chanson de tous les temps.
Au point qu’on a le droit de détester Hotel California, ballade de plus de six minutes connue pour sa bataille acharnée entre deux lead-guitares, celles de Joe Walsh et Don Felder. Ha on a grandi et dragué sur cette éternelle chanson ! On a peut être roulé des pelles dans son adolescence. Le morceau est une madeleine de Proust pour beaucoup de monde!
New Kid in Town, le titre suivant est lui aussi tout en mid tempo et nettement plus exotique car moins connu. Pourtant elle est tout aussi triste: une fois de plus, il y a un voile de spleen qui fait toute la différence chez les Eagles, réduit à l’état de groupe souriant californien. Un peu comme les Beach Boys, il y a une méprise.
D’ailleurs l’irrésistible Life in the fast line, autre succès de l’album s’amuse à décrire une vie d’excès. Non, les Eagles ne sont pas d’anciens hippys au rock soyeux et propre. Tout est très west coast. Mais plus de quarante ans plus tard, ca conserve une vraie classe dans l’écriture et la production.
Il y a de belles choses dans ce disque très américain où les auteurs s’interrogeaient sur le cynisme, la vacuité et les autres vilaines réalités du Monde. Les Eagles étaient déjà connus mais Hotel California allait être l’un des disques les plus vendus sur la planète: 32 millions de copies! Pas mal. Pourtant le disque est plus aigre que doux.
C’est cela que l’on retient. Plus que les solos héroïques et la production inattaquable. Le soleil californien réchauffe mais brûle parfois. Les Eagles étaient des stars mais leur clairvoyance a toujours fait la différence. Aujourd’hui encore!
Asylum – 1976