Un album de toute beauté pour les amateurs de balades célestes et douces.
Hypernuit équilibre l’art du toucher des mots à celui des guitares. Une admirable symbiose.
Minimaliste. Bertrand Belin est un dandy qui pose les mots comme des notes à moins que ce ne soit l’inverse. Le silence des mots est aussi important que le sens des mots eux-mêmes. Débutant chaque chanson par des introductions rythmiques à la guitare ou des boucles d’arpèges, Bertrand prend le temps de lancer mots, propositions ou phrases selon l’espace qui s’offre à lui.
Minimaliste et impressionniste. A petite touche, l’artiste compose une palette de guitares qui font souvent pleurer les notes. Il est question de chiens, de maisons à vivre, de courage et de rencontre. De soleil et d’homme attendant debout, de frère maudit, de chaleur et de peau. Ann Guillaume à la voix et Tatiana Mladenovitch à la batterie amplifient un plaisir mélodique qui met à l’honneur des couleurs folks somptueuses. La voix en avant de Bertrand brise la narration habituelle pour ne laisser qu’une impression, une vision déformée du réel saisit par une émotion musicale. Une harmonie de langage qui prend le risque de la liberté et de l’improbable sonore.
Le vertige est horizontal. A écouter Y’en a-t-il ou Ne sois plus mon frère, on tombe sous le charme et on aimerait que la musique poursuive inexorablement la flèche du temps. Cela pourrait durer des heures. Les cordes fredonnent down tempo avec des arrangements d’une étonnante simplicité. Les nappes de Long lundi en disent long. Quant à Chaleur, c’est tout simplement sublime de justesse.
L’album se savoure au casque, en marche nocturne. En pensée. En douceur. Hypernuit.
Sébastien Mounié