On a beaucoup parlé de Pain Noir mais il ne faut surtout pas passer à coté de Bruit Noir. Un rock déprimé mais très vivant.
Il faut avoir les idées claires et ne pas avoir d’une facilité à la dépression. Pascal Bouaziz et Jean Michel Pires, deux membres de Mendelson, groupe français extrêmement ambitieux (ils viennent de sortir un très chouette triple album), fabriquent dans leur coin, une musique protéiforme, engagé et plutôt pessimiste.
Un boeuf entre amis est devenu un disque furibard et lorgnant sur un rock noir et décalé: pas étonnant qu’une chanson se nomme Joy Division. L’introspection des auteurs est totale et pas franchement optimiste. Cela broie du noir. Pour en sortir un son énergique!
Le coeur des musiciens bat au travers de dix chansons sans filtre, basés sur des rythmes binaires et une voix qui nous offre des confessions que l’on entend peu sur les sillons d’un disque. C’est très étrange. On ne serait pas loin de l’univers claustrophobique de 1984 de George Orwell. Bruit Noir se nourrit des misères de l’existence et des angoisses existentielles. Très belles interrogations sur le départ en province ou l’enfermement dans le travail. Que des sujets stressants et une vraie misanthropie!
Pourtant ce n’est pas déprimant. L’étrangeté est omniprésente. L’adjectif baroque irait bien au concept des deux musiciens. Mais il y a de la vitalité qui transperce. Les musiciens se promènent sur des terres inconnues et Bruit Noir est un groupe vraiment avant gardiste. Il se transporte ailleurs: il transforme sa morne déprime en musiques passionnantes. Un vrai ovni!
Ici d’ailleurs – 2015