Après quatre ans d’absence, Kim Briggs, l’ainée de trois filles, est contrainte de revenir dans la maison de son enfance. Elle y retrouve ses sœurs – Jo et Sherry – et surtout sa mère Evelyn, qu’elle avait fait interner avant de quitter définitivement le domicile familial pour construire sa propre vie. Ces retrouvailles ne se feront pas sans difficultés… ni heurts.
Independence. C’est le nom d’une petite ville de l’Iowa. C’est aussi le désir de chacune de ces sœurs. L’indépendance affective, matérielle, intellectuelle. Quitter sa famille, s’en échapper, pour se construire soi-même, pour découvrir le monde. Telle est la quête de Jo et de Sherry. Leur épanouissement personnel ne peut se concrétiser qu’en échappant à cette mère tyrannique, autoritaire, sans concession mais aussi cette ville, au nom ironique.
Jo, la cadette est sous l’emprise de sa mère qui ne sait montrer son amour que dans la violence. Celle des mots mais aussi des gestes. Soumise, elle pense trouver son salut et son échappatoire dans la maternité. Quitter sa mère en devenant mère à son tour, fuir avec le père de son enfant à venir… Mais Evelyn ne peut se résoudre à la laisser échapper à son contrôle.
Sherry, quant à elle, multiplie les relations d’un soir, s’évadant comme elle le peut de cet univers matriarcal. Étudiante et sculptrice, elle rêve d’une autre vie, celle d’artiste. Grande gueule naïve, elle cherche sa place à la fois dans cette famille et dans le monde.
Kim, l’aînée, a quitté la cellule familiale, pour le Minnesota. Elle vit en couple avec sa compagne. Elle réussit brillamment sa carrière à l’université. De retour suite à l’ « accident » de Jo, elle a déjà acquis cette indépendance tant enviée par ses jeunes sœurs.
Evelyn, la mère, abandonnée par son mari, n’a jamais quittée sa maison. Elle rend tour à tour responsable chacune de ses filles de ses propres maux. Elle poursuit et manipule ses filles pour mieux les posséder, poussant l’instinct maternel jusqu’à l’asservissement.
Cette famille nous renvoie à notre propre expérience, à notre difficulté à communiquer, à s’écouter et à s’aimer. Cette quête d’amour et du manque d’amour peut mener à la folie. Celle de la mère, de sa propre souffrance et de sa peur de l’abandon. Diriger son monde pour mieux l’avilir, le posséder et le contraindre à ses propres désirs et volontés.
Le propos est certes profond mais les répliques sont légères. Parfois cinglantes, ironiques, décalées, elles contrebalancent avec l’âpreté des situations. Elles sont disséminées dans un décor unique, celui d’une arrière-cour, d’un lieu neutre où les échanges sont quotidiens. Les mots sont souvent forts pour mieux révéler les maux des personnages et leur quête de liberté.
Jusqu’au 31 mai 2015