Puisque nous nous occupons de nos vieux durant cette période un peu chaude de l’année, on s’intéresse au vénérable Roger Waters qui, à 73 ans, n’en finit pas d’être en colère.
C’est seulement le quatrième album de Roger Waters, depuis qu’il a quitté Pink Floyd. Cela faisait 25 ans que le bassiste mégalo n’avait sorti de disque. Il s’est remis au travail après une tournée triomphale de son spectacle The Wall.
Visiblement le tour du monde lui a donné de la suite dans les idées et réactiver son inspiration: le monde tourne mal. Rien ne va. Trump est un abruti fini. Poutine est un dictateur. L’Europe se disloque. On ne pense plus à nos enfants. L’égoïsme a gagné. La bétise mène l’humanité par le bout du nez. Depuis The Wall, pas grand chose n’a changé. La vision de Waters est aussi joyeuse qu’un gouvernement conservateur anglais.
Le Britannique a pourtant toute sa légitimité à 73 ans: question mur, il s’y connaît! A l’heure où tous les dirigeants pensent que les murs sont la solution, Roger Waters reprend sa truelle pour batir un mur de son qui fait l’effet d’un miroir à peine déformant.
Accompagné du producteur de Radiohead et aidé par Jonathan Wilson, Roger Waters donne de la voix à nouveau et son souffle est encore épique. Il a beau avoir des petits jeunes pour soutenir son nouveau coup de gueule, Roger Waters d’aujourd’hui n’est pas différent du bassiste autoritaire du Pink Floyd!
C’est assez agréable à écouter. On se doutait que le musicien n’avait tout perdu de sa verve même s’il s’est fait plus discret ces dernières années. Mais il y a pas de surprise dans cet album maitrisé. Il refait The Wall, il repense à Final Cut. Waters ne prend pas de risque. Mais sa musique un peu claustro a désormais dans cette époque angoissante. Son retour est plutôt le symptome que tout ne va pas bien en ce moment sur notre petite planète.
Columbia – 2017