Laurence Masliah dévoile ses talents d’écrivaine et de comédienne en interprétant son propre récit de l’histoire bouleversante des enfants Juifs de Moissac.
Seule sur scène, elle incarne deux personnages: une grand-mère, affaiblie perdant la mémoire, et sa petite fille, assoiffée de rassembler le puzzle de son histoire avant qu’il ne soit trop tard. Il faut l’immense talent de Laurence Masliah pour jongler entre deux rôles, changer de personnalité, d’âge et de langage, qui plus est avec autant de douceur. Elle impressionne par la souplesse de son interprétation, véritable gymnaste du jeu, capable non seulement d’incarner deux personnages à la fois, mais ce faisant de feindre la perte de mémoire, la confusion de mots et, en suivant, de reprendre le fil.
Une prouesse d’interprétation donc, mais aussi d’écriture, car le récit de Laurence Masliah est aussi vrai que bouleversant. Oui, les enfants juifs de Moissac ont vraiment été sauvés, grâce à Shatta et Bouli Simon en premier lieu, mais également à l’aide et à la complicité de toute une ville les aidant à obtenir de faux papiers et les gardant scolarisés et cela, Laurence Masliah ne l’oublie pas. La forme est aussi soigneusement travaillée que le fond. Les amoureux des mots et des expressions désuètes, étymologistes amateurs et perfectionnistes psychotiques de la langue française, sont particulièrement servis.
Une oeuvre profondément émouvante.
Jusqu’au 8 novembre, du mardi au samedi, à 21h,
De et par Laurence Masliah
Collaboration Marina Tomé
Dramaturgie Mariette Navarro
Mise en scène Patrick Haggiag