– Dites c’est la première fois que je vois un Chinois parler en yiddish!
– Ne lui dites rien, il croit qu’il apprend l’anglais!
Des répliques comme celles ci, il y en a un petit paquet dans Je Hais les Acteurs, film comique à l’ambition inédite dans la production française.
C’est le film qui rend un peu triste: la plupart des comédiens sont morts depuis ce glorieux fait d’armes. Bernard Blier, Pauline Laffont, Jean Poiret, Michel Galabru ou l’excellent doubleur et trop rare à l’écran, Patrick Floersheim, sacré gueule cinéma à qui le noir et blanc va très bien.
Gérard Krawczyk a eu un petit coup de génie dans les années 80. Je Hais les Acteurs excuse tous les Taxi qui a fabriqué pour son ami Luc Besson. Adapté un roman sur le Hollywood des années 40, Je Hais les Acteurs est un polar, une satire et un festival de comédiens au sommet de la vanne élégante.
C’est The Artist avec de l’humour. C’est une version pauvre du dernier film des frères Coen, Avé César. Pas mal comme références. En rendant hommage au cinéma hollywoodien en noir et blanc, le film vieillit bien et rappelle aussi le cinéma d’Audiard, finement écrit, où les costards cachent des idées noires et des phrases lumineuses.
C’est donc une éclatante comédie policière. Chaque comédien récite son numéro en état de grâce. On ne peut pas oublier le numéro de charme de Michel Galabru avec Bernard Blier dans les bras. Toute la pléiade de comédiens s’amusent et cela se ressent, même trente ans plus tard. Il y a quelques facilités excusables. Ce n’est pas de la nostalgie que l’on ressent devant Je Hais les Acteurs, c’est de la joie! On est très loin de la haine!