Chers lecteurs de ces modestes chroniques, si vous avez lu quelques unes de celles que j’ai pu commettre depuis 4 ans maintenant (et oui, le temps passe…), alors vous connaissez mon attachement à un certain type de roman policier français. Il s’agit des polars de Daenincks, Pouy, Fajardie et quelques autres dont Manchette. Malheureusement celui-ci nous ayant quitté, nous n’avons plus droit à ses géniales histoires.
Dieu merci, quelques dessinateurs de BD font vivre son oeuvre! On se souvient de quelques adaptations de Jacques Tardi: Je pense au « Petit bleu de la côte ouest » (édité par les Humanoïdes Associés) ou à « La position du tireur couché » et « O dingos, ô châteaux » tous deux parus chez Futuropolis. Ces trois albums sont excellents ne boudez pas votre plaisir, jetez vous dessus, vous ne prenez aucun risque.
Un autre dessinateur, lui aussi issu du journal de Pilote s’est attaqué avec brio à l’oeuvre de Manchette: Max Cabanes. Personne n’a oublié « Dans les villages », série étrange des années 80/90, pas toujours facile d’accès mais déjà merveilleusement bien dessinée. A part cette série, qui a fait date et reste une référence, Cabanes n’a pas toujours eu des scénarii à la hauteur de son talent…Je passerai donc sur certains albums qui ne m’ont pas laissé un grand souvenir. Mais il revient en force en 2009, dans la Collection Aire Libre des éditions Dupuis avec « La princesse de sang ». C’est l’adaptation du roman de Manchette. Et celle-ci est fort bien réussie! On regrettera simplement la petite faute éditoriale qui consista à sortir l’histoire en 2 tomes…
C’est donc avec bonheur que je découvre voilà quelques semaines sur les présentoirs « Fatale » à nouveau signé Manchette et Cabanes. Le bonheur supplémentaire vient du fait que l’album réunit en 140 pages l’intégralité de l’histoire. Donc faute non reproduite à moitié pardonnée, merci Dupuis.
Fatale c’est le roman de la province, des notables des petites mesquinerie de la bourgeoisie bien pensante. Fatale c’est une femme qui pour vivre cherche à deceller ce qui se cache derrière les apparences, le vernis des conventions. C’est sans grande difficulté qu’elle trouvera les fissures lui permettant de transmettre son venin et de pousser ce petit monde jusqu’aux pires extrimités.
Si vous n’aviez pas lu le roman, je vous laisse le bonheur de découvrir les rebondissements de cette histoire. Je ne retiendrai que le fait que de son vivant, Manchette avait déjà collaboré à des bandes dessinées: l’album original signé avec Tardi « Griffu » paru dans les années 80. De même aujourd’hui Didier Deanincks propose des histoires en image qui sont largement à la hauteur de ces romans. On regrettera que plus d’auteurs ne s’y essayent pas…En même temps toutes les expériences ne furent pas forcément aussi bonnes que celles évoquées ici, c’est vrai. IL faut donc du talent, même pour adapter un auteur qui en avait à revendre et ce n’est pas donné à tout le monde, donc rendons grâce à celui de Cabanes.